What the fuck ?!

Vingt heures. Rien de spécial à faire. Il avait passé la journée à la planque de BOOM. Pourquoi ? Simplement parce qu'il avait réalisé une petite "mission" la veille. Alors forcément, se pointer en ville le lendemain d'une explosion, sans même se cacher, ça aurait été assez mauvais pour lui. Il n'avait donc rien eu à faire. Après tout, sortir de la planque aurait été également dangereux pour une autre raison : il se serait retrouvé face à des policiers. Et tout cela parce qu'ils se trouvaient souvent dans le Quartier 12. Quelle poisse... Il soupirait, ne trouvant toujours pas la moindre possibilité de s'échapper. Sans compter le fait qu'il était seul dans cet endroit, pour une fois.

Mais la première idée qui lui vint à l'esprit, c'était de créer une diversion. Mais comment ? Et bien tout simplement en utilisant la bombe qu'il avait placé un peu plus loin. Elle n'était pas d'une puissance exceptionnelle. Au contraire, elle aurait seulement été capable de faire un trou de la taille d'une personne normal dans un mur. Mais c'était suffisant pour attirer l'attention des agents se trouvant à l'extérieur. Il sortit lentement un détonateur, avant d'appuyer sur celui-ci. Boom. Une explosion plus tard, les représentants de la loi courraient dans la direction indiqué par le bruit de la bombe.

Quelques secondes plus tard, veste sur les épaules, capuche sur la tête, Keith courrait. Il s'échappait. Il en avait tout simplement marre de rester enfermer à ne rien faire. Certes, il faisait un temps complètement dégueulasse. Il pleuvait, pour être plus précis, mais il n'y avait pas d'autres solution. Une fois suffisamment loin de la planque, il s'arrêta un instant, sortant une clope de son paquet, avant de l'allumer. Il était temps pour lui de s'en griller une, au calme. Et le tout, en marchant, simplement. Il se dirigeait vers la ville. La civilisation. Il y serait sans doute dans les alentours de vingt-et-une heures, voir même vingt-deux heures.

Cela dépendra de son rythme ; qui n'était pas des plus rapides quand il avait la flemme. Ce qui était malheureusement le cas en ce jour pourri. Pourquoi devait-il se retrouver dans une telle situation déjà ? Ah oui, parce qu'il avait fait le choix de rejoindre BOOM, dans la simple optique d'avoir quelque chose à faire de sa vie. Sinon, cela ferait longtemps qu'il ne serait plus là, pour bien des raisons, que lui seul connaissait. Pas même ses amis les plus proches ne pouvaient le comprendre. Rien ni personne. N'était-ce pas triste de ne pas pouvoir partager sa vie ?

Non, pour lui, ce n'était pas important. Il avait certes hérité de la vie la plus pourrie du monde, mais il était capable d'en tirer les points positifs : la liberté. Il était libre comme l'air, sans la moindre obligation. Pas le moindre point d'attache. Tout ce qu'il avait à faire, c'était de vivre l'instant présent, sans prendre en compte les conséquences de ses actes. Quoi de plus amusant que cela, après tout ? Une vie sans liberté, n'était qu'une autre forme de prison. Lui, il n'avait pas l'intention de vivre enfermer dans une cage à ne rien faire pour le restant de ses jours. Après tout, il ne savait pas quand la "faucheuse" aurait la joie d'abattre sa faux sur sa nuque.

Plusieurs minutes plus tard, voir même une bonne heure et trente minutes plus tard, il se retrouva dans un quartier qu'il avait déjà visité plusieurs fois. Dortamm. Et étrangement, quand il pensait à cet endroit, une chose lui donnait envie : boire un coup. Ce qu'il y avait de mieux pour cela, ici ? La marmotte brûlée. Alors forcément, il allait s'y rendre. Il en avait bien l'envie et la motivation. Et cela ne lui prit que très peut de temps. Après tout, il ne se trouvait pas loin du lieu qu'il convoitait. Et une fois sur place, il commanda directement sa boisson, à savoir un whisky. Quelque chose d'assez fort, histoire de bien se réveiller. Cependant, très en confiance, voir même assez distrait, il n'avait pas remarqué que sa boisson avait été "bidouiller". Il tournait la tête, pour observer longuement l'extérieur du bar ; il pleuvait toujours, à corde même.

Il attrapa sa boisson, porta lentement le verre à ses lèvres, avant d'en boire une première gorgée. Cette liqueur vint lui raclée la gorge un bon coup. Il pouvait en sentir la "chaleur" découler jusqu'à son estomac. Une sensation qu'il appréciait, et qu'il ne pouvait tout simplement pas s'en lasser. C'était toujours aussi "bon" de boire de l'alcool fort. Surtout pour un homme tel que lui. La bière ne faisait pas l'affaire. Mais encore une fois, malgré son habituelle intelligence face à des situations critiques : il n'avait pas été capable de constater ce qu'il se cachait derrière cet alcool. Qui sait, il s'en rendra compte bien assez tôt, peut-être ?  

Bastard.

Cette soirée n'avait réellement rien de spécial, à ses yeux. Un simple bar dans lequel il faisait énormément calme. Lui, un barman, et un verre de whisky. C'était plus ou moins tout ce qu'il y avait à l'intérieur de cette bâtisse. Une gorgée, deux gorgées, et enfin trois. Il en était déjà à la moitié de son verre, observant les gens qui pouvaient entrer, ou tout simplement hésiter à rentrer. Mais comme ils étaient trop loin de lui, il ne pouvait pas réellement les voir. Juste une silhouette, rien de plus. Un long soupire s'échappa de ses lèvres. Il s'ennuyait. Boire seul faisait beaucoup dépressif, et il n'aimait pas ça.

Finalement, une personne se dirigeait vers le comptoir. Cette personne avait une apparence féminine. Il n'avait pas encore eu l'occasion de voir son visage. Mais une fois qu'elle posa son derrière sur un tabouret, il pouvait la voir correctement. Un étrange sensation se forma chez lui, une sensation qu'il n'avait connu qu'une seule fois par le passé, mais revivre cela lui faisait quelque peut mal. Il ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi il la regardait ainsi ? Pourquoi est-ce qu'il avait l'impression d'être attiré par cette personne qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne connaissait pas du tout ? C'était assez irritant. Le simple fait de le sentir aussi fort, le dérangeait.

Il avait beau essayé de tourner la tête et de regarder ailleurs, c'était comme si son corps ne voulait plus l'écouté. Keith ne se sentait pas bien. Ou plutôt, il avait l'impression d'être bizarre... Il tourna lentement la tête vers la femme aux long cheveux blancs, fronçant toujours les sourcils. Cette fois, il voulait voir de qui il s'agissait. Et vu la couleur de sa peau, cela ne pouvait être qu'une alien. Une lyme, même. Elle était petite, et une couleur presque blanche... C'était tout ce qui correspondait à la description d'un lyme. Il soupira à nouveau, mais n'arrivait pas à décrocher son regard de la femme se trouvant à ses côtés.

Elle le remarqua d'ailleurs, ce qui la força à se reculer d'un siège, littéralement. Elle semblait assez... Mal à l'aise. Et elle ne semblait pas non plus très enchantée à l'idée qu'un humain la dévisage comme ça. Elle lui adressa la parole. Cette même voix avait presque réussi à faire vibrer son cœur durant quelques instants. Rien que de ressentir cette sensation, rendait vraiment Keith mal. Il n'avait pas souhaité que cela arrive, et encore moins avec une personne lui étant inconnue. Et vu son regard, ou du moins ce qu'il pouvait percevoir, elle trouvait cela déplaisant.

Il ne voulait pas lui répondre. Dans un premier temps il tourna la tête vers le barman, celui-ci affichant un large sourire, avant de finalement s'en aller, mine de rien. Il regarda sa boisson, se rendant compte qu'il s'était totalement fait rouler. Bon sang, s'il était resté un peu plus près, il se serait fait un grand plaisir d'aller lui péter la gueule une bonne fois pour toute. Connard de barman... Il avait enfin réalisé ce qui lui était arrivé. Une drogue, ou je ne sais trop quoi, avait été déposée dans son verre. Le salaud, s'il pensait vraiment que cela arrangeait l'homme à la chevelure cramoisie, c'était complètement raté.

-Vous n'avez rien sur le visage. Excusez-moi pour le dérangement occasionné également. Il plaça ensuite une main sur son front, avant de grimacer. Qu'est-ce qu'il lui prenait, au juste ?! Il laissa échapper un long soupire avant de finalement sortir une clope de son paquet, nerveusement, pour ensuite l'allumer. Cet enfoiré... Maintenant que j'ai pigé son mauvais coup il va le sentir passé...

Mais malgré tout, son regard n'avait de cesse de s'aventurer vers la personne un peu plus loin. C'était difficile de gérer ça tout en restant calme. Il sentait même des rougeurs apparaître sur son visage. Bon sang ! C'était vraiment pas le moment de se sentir comme ça ! Il tourna la tête vers le comptoir ensuite, avant d'observer longuement une bouteille de whisky. D'un air totalement dépité, il alla attraper la bouteille. Le barman c'était cassé ? Alors il allait se servir lui-même. Pourquoi diable aurait-il essayé de se faire prier alors qu'il venait de subir la pire des saloperies du monde, exactement ?! Et forcément, plutôt que de boire à la bouteille, il attrapa un verre propre, y versant ensuite de cette liqueur.

-Ce salaud de barman... Prochaine fois qu'il me fait un coup pareil je le fais sauter... On ne peut même plus boire au calme maintenant.

What the fuck ?!

Une sensation des plus déplaisante, oui. Une sensation qu'il pensait avoir réussi à oublier depuis fort longtemps, mais non. Du jour au lendemain, il fallait que cela lui retombe dessus et tout cela, à cause d'un fichu barman. Pourquoi est-ce que l'on s'acharnait de la sorte sur lui, alors qu'il n'avait rien demandé, si ce n'était de pouvoir boire un coup, calmement, et surtout, seul. Beaucoup de personnes pourraient forcément penser que boire une boisson alcoolisé seul ne l'aiderait pas à se changer les idées, mais ces gens se trompent. Keith est loin d'être comme les autres. Capable de boire et d'oublier les choses par lui-même, et d'autant plus débrouillard.

Il était difficile pour un homme tel que lui, de supporter le fait qu'un simple barman avait réussi à le piéger. Ou plutôt devrait-on dire, le droguer. C'en était presque dégoûtant pour lui. Il avait honte de s'être fait avoir aussi facilement, alors qu'il avait toujours eu pour habitude de regarder le barman verser sa boisson dans son verre. Mais cette fois, il n'avait pas jugé nécessaire de le faire. Stupide. Voilà ce qu'avait été son choix. Complètement stupide. Maintenant, il se retrouvait sous l'effet de cette fichue drogue. Tout aussi efficace qu'une flèche de Cupidon. Pourquoi diable devait-il subir cela, d'un seul coup ?

Et d'autant plus, pourquoi fallait-il qu'il croise justement une femme à ce passage ?! C'était assez embêtant, dans un sens. Il aurait préféré ne voir personne, rentrer chez lui, dormir, et finalement être tranquille après une longue sieste. Mais non, ce n'était pas comme ça que cela s'était passé. Parce que oui, une femme s'était retrouvée non loin de lui, dans ce bar. Une belle femme. Mais en réalité, elle avait l'air bien plus alien qu'autre chose. Le teint de sa peau ne pouvait pas le tromper, après tout. Sans aucun doute une alien. Mais qui pouvait prédire si elle était du côté "extrémiste" ou du "bon côté" ? Il devait rester méfiant... Mais... Ce n'était plus vraiment possible.

L'esprit vengeur, l'homme à la chevelure cramoisie souhaitait s'enfiler la bouteille entière de Whisky. Il tenait toujours sa clope dans son bec, comme à son habitude. Il s'en fichait un peu, d'ailleurs, de l'image qu'il pouvait donner de lui avec sa tête, son regard vide, et surtout, cette clope qui pendant au bout de ses lèvres. Mais étrangement, cette fois, cela avait un peu d'importance malgré tout. Il n'aimait pas devoir avoué cela... Mais cette fichue drogue ne lui réussissait pas. L'amour. Un sentiment qu'il aurait souhaité ne plus jamais ressentir... C'était sans compté ce jour fatidique, forcément.

Les mots de la gente dame tapèrent dans l'oreille de l'homme. Se venger sur l'alcool ? Mouais, il fallait bien l'avouer, c'était ce qu'il avait l'intention de faire. Se bourrer au maximum pour ainsi éviter de succomber à son charme sur le reste de la journée. Et ce qui suivit sembla comme une révélation, pour lui. Endroit non-fumeur... Il est vrai que d'habitude, il aurait envoyé la personne chier un bon coup, mais lorsque cela venait de cette personne, cela ne le rendait pas pour autant heureux qu'on lui fasse une mauvaise remarque. Après tout, cette fichue drogue le rendait amoureux, et cette fois, c'était de cette femme.

-Vous avez sans doute raison... Je vais éviter de me venger sur cette bouteille... Même s'il serait dommage de la gâcher stupidement. Il regarda longuement la bouteille, avant d'écraser sa clope sur la semelle de sa chaussure, la jetant ensuite dans une poubelle. Oui, il l'écoutait... Vous en voulez aussi ? Si jamais il faut payer vous pourrez considérer que j'ajouterai cette consommation sur ma note. Tout en disant cela, il lui offrit un léger sourire en coin, calme et détendu.

Maintenant, il était réellement hors de question qu'il la laisse s'échapper sans au moins savoir quel était son nom, d'ailleurs. Et aussi sans avoir pu partager un verre en sa compagnie. En fait, il n'aimait pas tomber amoureux d'une simple inconnue. Même sa première et unique expérience avait pris un long moment pour construire cette relation complexe. Alors forcément, subir un tel coup de foudre ne lui plaisait pas vraiment. Cela avait en quelque sorte, détruit ses principes. Des principes auxquels il s'était attaché durant les douze dernières années de sa vie. Il n'était pas réellement chanceux, cet homme, au final.

Il remarqua que quelque chose semblait la perturber. Il ne savait pas encore quoi, mais il se doutait que cela devait être assez chiant, pour qu'elle se retrouve à froncer les sourcils de la sorte. Il remarqua également que son attention se portait principalement sur son collant. Qu'avait-elle donc fait à son collant ? Il baissa son regard vers celui-ci, l'observant longuement. On pourrait le prendre pour un pervers, mais il cherchait simplement la raison de l'ennui de cette femme. Un collant filé. Un truc typique chez les femmes. Il avait pourtant l'impression qu'elle n'était pas du genre à se soucier de son apparence, mais comme toujours, il n'était qu'un homme, un être humain. L'erreur était humaine, également.

-Au fait, je m’appelle Keith Lewis. Pourrais-je connaître votre nom ? Cela me semble plus approprié de vous adresser la parole d'une manière un peu plus familière. Sauf si vous préférer que je vous appelle "Mademoiselle".

Il insistait sur le fait qu'il voulait connaître son nom. S'il devait l'aimer pour un jour, il préférait que cela soit de quelqu'un dont il connaissait le nom. D'ailleurs, sans même lui demander son avis, il alla directement s'asseoir à ses côtés. Il lui tendait à nouveau la bouteille d'alcool qu'il avait en main. Après tout, il lui avait proposé un verre et il espérait bien avoir le droit de le partager avec elle, c'était tout simplement logique. Lorsqu'on demande quelque chose, c'est qu'on souhaite forcément avoir l'occasion d'exécuter ce quelque chose. Keith, assez entreprenant dans son genre, avait même placer un verre vide devant la demoiselle. Il n'avait pas l'intention de la bourrer, ni même de la droguer. Il lui proposait juste un verre. À elle de voir si elle n'en souhaitait qu'un ou plusieurs.

-Et si j'avais le visage rouge, ce n'était pas à cause de l'alcool, mais bien de votre beauté. Voilà quelque chose qu'il n'aurait pas dit, si ce n'était pas pour les effets secondaires de cette fichue drogue.