You fuckin' bitch !

Les mains dans les poches, une clope au bec. Voilà comment Keith se baladait. Toujours l'air de se moquer de tout ce qui pouvait l'entourer, il n'avait strictement rien à faire. Si ce n'était glander, dans une ville qu'il trouvait de plus en plus ennuyante à force de la voir. Jour après jour, il se rendait compte que sa vie était assez monotone. Il n'était pas un grand fan de son propre groupe, à savoir BOOM, mais il savait prendre un certain plaisir lorsqu'il travaillait. Celui d'observer les magnifiques couleurs d'une explosion. Mais en dehors de cela, rien de bien précis. Un intérêt assez faible pour la vie, n'est-ce pas ?

Mais il n'était pas pour autant déprimé. La preuve, il savait profiter de son temps libre pour... Se faire chier. Il adorait faire ça. C'était un moyen comme un autre pour rester calme le plus longtemps possible. La zen-attitude. Il en était le maître. Keith savait rester calme dans quasiment toutes les situations. Il était assez difficile de l'énerver, voir-même de lui faire perdre son sang froid. Le faire stresser était tout aussi difficile. Il n'était pas le genre d'être à avoir peur d'alien, ni même de la mort en personne. Selon lui, tout était dicté par la "destiné". S'il devait lui arriver quelque chose, alors cela devait simplement avoir été écrit quelque part.

Finalement, son ennui l'avait mené à un endroit bien spécial. Un endroit qu'il ne connaissait que de vue. Après tout, il était passé une ou deux fois par-là, simplement quand il essayait d'échapper aux policiers de ce grand quartier. Il s'agissait du parc de Valhalla. Il faisait très calme, ici. Ou du moins c'était l'impression qu'il avait, jusqu'à ce qu'un incident ne survienne. Quelque chose pour le moins... Surprenant. Quelqu'un venait tout juste de le percuter. Et visiblement, cette personne ne semblait pas être dans un état très correct. Oui, au lieu de s'excuser, cette personne était en train de... Gerber juste devant lui.

Espérant que cela soit "terminé", l'homme à la chevelure cramoisie ouvrait lentement la bouche, dans l'objectif de demander à la femme se trouvant face à lui si elle avait besoin d'aide ou autre. Mais non. Ce n'était visiblement pas fini. À voir son visage, elle semblait avoir soit bouffé quelque chose d'horrible, soit vu quelque chose d'horrible. Ou bien autre chose ? Il ne savait pas vraiment décrire ce qu'elle ressentait. Au final, il ne pouvait qu'observer le désastre qui était en train de se dérouler juste sous ses yeux et surtout... Devant lui. Sauf que cette fois, c'était bien plus violent, et par malchance, les chaussures de l'homme furent totalement détruite par la gerbe.

Calme, restons zen, comme toujours. C'était la meilleure chose à faire. Il ne devait surtout pas craquer maintenant. Certes se faire gerber dessus n'était pas la chose la plus excitante du monde. Loin de là ; pour être sincère, il était totalement écœuré. S'il n'était pas capable de se retenir, il aurait accompagné cette femme dans un concours de gerbe sans fin. Sans doute ce que beaucoup d'autres personnes auraient fait, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, Keith restait calme, ou du moins essayait. Il sortit ensuite de sa poche arrière un mouchoir en papier, avant de se reculer d'un bon mètre, pour ensuite enlever ses chaussures.

-Maintenant que tu t'es très aimablement présenté, je vais te demander une chose. Tu as deux choix possible, alors réfléchis bien à ce que tu vas me demander. Il releva le regard vers elle avant d'afficher un air beaucoup plus sérieux. Tu préfères mourir maintenant ou plus tard ?

Oui, au final, il n'avait pas du tout réussi à garder son calme. Se faire gerber dessus était une insulte pour chaque être vivant. Il n'y avait pas de quoi se venter et encore moins de quoi faire de sa gueule. Tout ce qu'il devait faire maintenant, c'était trouvé un moyen de se venger de cette fichue femme. Bordel de merde, d'où on relâche ses tripes sur un simple passant ?!

You fuckin' bitch !

La rage. Il avait envie de lui faire merdre la poussière, au plus vite. Ce genre de manque de respect n'était pas ce qu'il y avait de plus facile à encaisser. Surtout lorsque cela venait d'une personne qui ne semblait pas en avoir terminé avec ces conneries là. En prime, ses chaussures avaient morflés. Elles étaient dégoutantes et le temps qu'il arrive chez lui pour les nettoyer, elles seraient tout simplement bonnes à jeter. S'il avait de l'argent, il n'en aurait rien eu à foutre, mais comme il n'était pas le genre d'homme plein aux as, c'était ennuyeux. Après ce n'était pas uniquement parce que ses chaussures étaient foutues qu'il était en rogne, mais bien parce qu'il venait de se faire gerber dessus. Quelle idée de courir quand on a envie de gerber, déjà ?! On s'arrête dans un coin et on déballe ses affaires, simplement !

Mais non, pour certaines personnes, c'était bien trop compliqué. D'où son envie gigantesque de meurtre. Il lui avait d'ailleurs proposé un choix assez simple. Un choix à deux possibilités. Crever tout de suite, ou bien attendre encore quelques temps. Et visiblement, sa réponse était la troisième option... Un coup de poing directement envoyé dans les parties. Forcément, la facilité pour les femmes. Toujours frapper l'endroit sensible. Il se cambra en avant, poussant un long grognement de douleur. Il n'avait pas l'intention de hurler, cela ferait sans doute trop plaisir à cette gerbeuse de service. Une main posée à ses parties douloureuses, l'autre se trouvant au sol, agrippant le gazon.

Et en prime, elle semblait vouloir en rajouter une couche avec des paroles ? Parce qu'elle se croyait intéressante la demoiselle ? Profaner des menaces de mort sans savoir à qui il avait affaire ? Il s'en foutait complètement. Il l'aurait fait même s'il était en présence du maire en personne, et même s'il était devant la personne la plus importante du monde. Il n'avait peur de personnes, et peur de rien. Alors pourquoi commencerait-il, sous prétexte que mademoiselle est capable de gerber aussi fort qu'un lance-flamme, faire attention à qui il s'adressait ? Et puis, tenir une seconde de plus, mes fesses. Elle aurait fixé la substance dégoûtante se trouvant au sol avant de finalement en rajouté une couche.

Fort heureusement pour lui, elle n'avait pas songé à se relever. Elle s'était contenté de s'asseoir, pour "observer" ce qu'elle avait fait à un inconnu. D'un geste assez rapide et brusque, il attrapa cette femme par la nuque, sans pour autant hésité à tirer sur sa longue chevelure. Il en profita pour ensuite attraper de son autre main sa clope qui se trouvait entre ses lèvres, a moitié consumée, pour ensuite l'écraser sur son front. Un moyen comme un autre pour éteindre une clope, après tout. Après cela, il laissa tomber la clope sur le gazon, se relevant ensuite, non sans difficulté, pour enfin lui lâcher les cheveux. Il n'avait pas l'intention de la frapper pour l'instant. Et même s'il était debout, l'air de rien, il avait toujours aussi mal.

-J'aurais peut-être attendu, oui. Mais quand j'ai constaté que la simple vue de ta première gerbe avait suffit à te faire recracher tes tripes, je n'avais pas l'intention d'attendre la suite, sombre idiote. Alors attendre que tu finisses de recraches ton estomac n'était pas trop mon délire, tu vois ?

Il avait toujours mal d'ailleurs. Bon sang qu'est-ce que c'était désagréable cette sensation après avoir pris un coup dans les parties... Si seulement il n'avait pas oublié ses bombes chez lui, il lui aurait fait bouffer l'une d'entre elle bien rapidement, histoire de lui faire comprendre qu'il ne faut pas se payer sa tête. Bordel de merde ! Une première rencontre entre eux avait tout simplement suffit à créer une magnifique tension. Il fixa ensuite ses chaussures, et forcément, il était hors de question qu'il les retouche. Tant pis, il rentrera chez lui, pieds-nu. Ce serait sans doute bien plus simple que de se retrouver avec ces saloperies partout sur ses pieds.

-En plus, je ne veux pas te rabaisser mais... Tu sais que quand t'as la gerbante tu peux tout simplement t'arrêter dans un coin et faire tout sortir ? J'sais pas, courir ne va pas arranger ta situation. Est-ce que tu y as seulement pensé ? Visiblement non. Vu qu'elle avait fait tout l'inverse. Bon sang.

Try your best.

Il venait de gaspiller une clope. Une putain de clope venait d'être gaspillée, oui ! Déjà qu'il n'était pas le genre friquer, vous imaginez bien que perdre une simple cigarette allait faire plus rapidement mal à son portefeuille que prévu ! Et tout ça à cause de quoi ? Une personne qui, au lieu de s'excuser le plus rapidement possible, l'avait frappé dans les parties. Et après ça vient parler de stupidité face aux menaces qu'il avait profané ? Vous m'en direz tant ! Mais qu'est-ce qu'elle pouvait l'énerver en plus de ça. Rien que de voir son air "je te suis supérieur" l'énervait. Soit elle avait du pognon, ce qui ne l'étonnerait pas, soit elle avait toujours vécu de cette façon, à chier sur les gens en bas de l'échelle.

Ce qui l'étonna cependant, c'était sa remarque. Il sentait la poudre ? Certes, il avait construit une ou deux bombes il n'y avait pas si longtemps, mais comment pouvait-elle deviner qu'il portait cette odeur ? Et en plus, c'était d'autant plus surprenant que pour lui, tout ce qu'il sentait, c'était la puanteur de sa réjection qui se trouvait encore assez proche. Sérieux, était-ce seulement possible que ça pue autant cette saleté ?! Il s'écarta légèrement, voir même beaucoup. Il n'aimait pas cette odeur, c'était totalement compréhensible qui plus est. Il l'observa ensuite à nouveau, cette femme qui venait tout juste de ruiner sa journée, avant de prendre la parole.

-T'es douée pour réussir à discerner l'odeur de la poudre alors que ça pue à plus de 500 mètres à la ronde... Mais je préfèrerai que tu évites de me renifler.

Keith n'avait pas envie de s'énerver plus, mais cela ne risquait pas d'être facile. Il avait réussi à se calmer un peu, mais pour combien de temps ? Qui sait, peut-être que cela ne serait que pour quelques minutes, ou pour quelques heures. Cela dépendra un peu de la suite des évènements. Il ne la connaissait pas vraiment, mais il pouvait dire une chose ; elle l'énervait. Complètement. Par la suite d'ailleurs, il l'entendit à nouveau parler. Et ce qu'elle venait de dire, venait de lui faire comprendre pas mal de choses. Il en avait uniquement entendu parlé, mais maintenant il savait que les rumeurs étaient véridiques à ce sujet.

Une Rizzen. Il avait toujours entendu parlé du fait que certains étaient capable de lire dans les pensées, mais aussi qu'ils avaient les sens sur-développés. Ce qui expliquait le fait qu'elle ait réussi à sentir les résidus de poudre qu'il avait gardé sur ses vêtements. Tout devenait plus clair pour lui. Et forcément, après avoir enfin découvert ce qu'elle était réellement, il ne pouvait réellement pas avoir peur d'elle. Et puis, même si elle aurait été la personne la plus dangereuse du monde, cela ne lui aurait strictement rien fait. Il s'en fichait pas mal. Elle aurait beau pensé ce qu'elle voulait de lui, il s'en fichait également.

-Donc je n'ai plus besoin de parler pour te faire comprendre ce que je pense de toi. Tant mieux. Ça me facilitera la tâche, en cas de besoin.

Cependant, ce qu'elle ajouta par la suite le fit légèrement rire. Ne plus pouvoir parlé avant longtemps ? Elle pensait réellement que ce genre de menace allait prendre sur lui ? Qu'elle essaie. Et pour bien évidemment lui prouver qu'il se moquait pertinemment de sa menace, il sortit une clope de son paquet pour s'en griller une nouvelle. De toute façon, il n'avait rien à craindre. Si elle se limitait à frapper aux parties génitales, il ne voyait pas en quoi elle pouvait être dangereuse, sauf pour la reproduction, bien évidemment. Un long soupire s'échappa de ses lèvres, avant de fermer les yeux.

-Tu n'as qu'à mettre tes menaces à exécutions, si tu le souhaites tant. Si tu essaies de me tuer, cela ne me dérange pas non plus. Je sais d'avance que je ne serais pas le seul à crever. Je n'aurais même pas besoin de me défendre en fait. Alors avant de t'imaginer que mes précédentes menaces étaient de simple parole en l'air, réfléchit bien. Oui, et bien évidemment, il faisait le vide dans son esprit, concernant ce qu'il cachait derrière ces quelques mots. Après tout, c'était toujours plus intéressant de voir un regard plein de détresse et de surprise.

Try your best.

Parfois, il n'y avait rien de meilleur qu'une bonne vieille clope pour reprendre les esprits, et surtout, regagner son sang froid. Il avait craqué, fait un petit écart sur son calme habituel, mais c'était terminé. Il était rassuré en quelque sorte, et savait qu'il n'avait rien à craindre. Tout ce qu'il aurait souhaité, c'était passé une journée tranquille, mais ce n'était pas toujours facile à avoir droit à ce genre de choses. La preuve, cela faisait trois jours qu'il se retrouvait dans la merde. Et cette fois, c'était sans doute la pire de toutes. Il aurait même préféré se faire enfermer en prison.

Un soupire de plus, tout en expirant de la fumée. Il fixait le ciel, la tête ailleurs. Il avait dit ce qu'il avait à dire. Et puis, de toute façon, si elle voulait vraiment savoir ce qu'il pensait, bah elle n'avait qu'à lire dans son crâne, comme elle l'avait fait plus tôt. Finalement, son "pouvoir" était bien plus pratique qu'il ne le pensait au départ. Il pouvait tenir une conversation avec elle, sans pour autant parler. C'était tout simplement parfait. Un moyen parfait pour se calmer. C'était tout ce dont il avait besoin. Et d'ailleurs, alors qu'il pensait être tranquille pour un moment, ou du moins jusqu'à ce qu'elle exécute ses menaces, une surprise innattendue pointa le bout de son nez.

Un baiser. Oui, un baiser. Il fronça les sourcils, avant de l'observer longuement. Pourquoi est-ce qu'elle avait fait cela ? Et pourquoi aussi soudainement ? Il avait plus l'impression qu'elle venait faire ça pour se foutre de sa gueule. S'il n'avait pas l'habitude qu'on se moque de lui, il aurait sans doute montrer les crocs, mais il s'en fichait. Après, il est vrai qu'il se serait passé d'un baiser, surtout que celle qui le lui avait "offert" avait gerbé un peu avant. C'était plus dégoûtant qu'autre chose. Et non pas à cause du fait qu'elle n'était pas humaine, ça il s'en fichait totalement. Mais sérieusement, qui aimerait embrasser quelqu'un qui vient tout juste de gerber ?

D'un geste brusque, sans même lui laisser le temps de réfléchir plus loin, ni même lui laisser le temps de lui adresser la parole, un coup, un seul, et il perdis l'équilibre l'espace d'un instant, posant ensuite un genou au sol, sa main se trouvant au niveau de son torse, pris d'une soudaine quinte de toux. Un coup au plexus solaire. Impardonnable. C'était juste parfait pour couper la respiration de quelqu'un. Et forcément, ça faisait un mal de chien. Peut-être même plus qu'un coup dans les parties, en fait. D'ailleurs, la clope qu'il avait gardé dans sa bouche tomba au sol, le laissant ainsi tousser correctement.

Finalement, la douleur fut trop grande pour lui, même pour un homme de sa carrure, et il se laissa sombrer dans l'inconscience, tombant donc au sol dans un lourd silence.