Plutôt banal, comme weekend. Plutôt chiant, surtout. C'est incroyable comment selon la période dans laquelle on se trouve, les rues sont plus ou moins active. Nous sommes en été, tu es dans la quartier 12 - ce cher quartier pourtant mal-aimé. Ainsi, la plupart des résidents sont de sorties - probablement pour essayer de voler à de pauvres touristes. Risible, vraiment. Toi ça te fait rire, tu ferais probablement pareil si tu n'avais que ça à faire. Sauf qu'il se trouve que tu as quelque chose à faire. C'est le weekend, il y a de plutôt fortes chances pour que tu trouves quelqu'un - pas juste une personne, un rassemblement entier même - dans ce qui est presque devenu ta deuxième maison - la base de la BOOM. Qui sait, tu trouverais de quoi faire passer quelques nuits d'ordinaire improductives. Ou qui sait, tu te ferais encore plus chier sur un canapé à écouter de la musique. Cette simple possibilité te décourager un peu - t'avais bien envie de faire autre chose de plus amusant, comme... faire chier des gens, tiens. Sauf que tu n'avais aucun numéro de gens que tu pourrais possiblement persécuter - honnêtement, tu préférais ne pas trop faire chier les gens de BOOM, la plupart sont plus vieux et tu n'arrives pas trop à les cerner.

Tu soupires, sortant nonchalamment une main de sa poche pour ouvrir la porte. C'était vraiment stressant comme moment, c'était tellement pourri que t'avais peur de la casser à chaque mouvement brusque. Heureusement pour toi, tu n'as pas la poisse aujourd'hui alors à part un craquement plutôt sourd, la porte se laisse s'ouvrir. ... Et c'est le vide. Total. Ou presque, puisqu'on t'apostrophe assez rapidement, avec un ❝ Oooh eeeh !❞. Cette voix... Tu n'as pas le temps de creuser que tu préfères te diriger vers la source. ❝ T'es pas Eliott, celui qui fait des explosifs ? Tu veux pas en faire avec moi ?❞ Eliott, Eliott... Ah oui, c'est vrai que c'est toi. T'avais oublié. Faut dire, tu connais pas beaucoup de gens qui t'appellent Eliott, tu parles même pas tant que ça aux gens. On t'appelle Gribkov en cours - tu l'as obligé, des sous-êtres ne sont pas autorisés à être aussi familier avec une personne aussi royale que toi. En tout cas, son nom à lui, il te revenait pas. Tu connaissais sa gueule, de sûr - faut dire, un visage aussi banal que le sien, c'est dur à oublier dans une organisation de meurtriers. C'est marrant, il était aussi chétif et original que toi. Mais tu le connais pas - faut faire gaffe à ce genre de mecs, ils sont dangereux. Faut dire, un terroriste tout court, c'est dangereux. ❝ Eh ouais! Ma merveilleuse personne à décider de faire part de sa royale présence! ❞ Ou pas, hein.

Tu réfléchis un peu à sa deuxième question. C'est vrai que les trucs qui font boom, c'est ta spécialité. Tu le connaissais pas trop - t'arrivais même pas à te souvenir de son nom, c'est con. Un peu crade, lui avait eu la politesse de retenir ton prénom un peu bidon - quoique plutôt cool quand on pensait à sa signification. C'est pas comme si de nos jours on donnait des prénoms à ses gosses pour la signification... Parce que c'est stupide et que tout le monde s'en fout. Sauf les japonais mais là c'est une autre histoire. Enfin bon, si ça peut faire passer le temps, pourquoi pas? Tu ne cherches pas à faire quelque chose de narcissique cette fois-ci, juste... pour essayer d'être sympa? Ha, quelle bonne blague. ❝ Faire des explosifs? Si t'as de quoi faire péter la base, je suis pas contre! ❞ Bon après, évite de réellement tout faire péter. Je pense que tu te ferais pas mal engueuler et en plus,ce théâtre est déjà assez ruiné comme ça. ❝ ... Matt, c'est ça? ❞ Dieu merci, tu passes moins pour un con maintenant que tu t'en souviens.

❝ Oui, Matt. ❞ Tu t'installes confortablement près de ton camarade pour la journée. Matt, donc. De ces quelques secondes, tu pouvais en déduire que c'était pas un mauvais type. Quoiqu'il y avait quelque chose d'effrayant en lui, son sourire était ce que tu qualifies de glauque. Du style où, il souriait mais son regard ne montrait pas une once de joie, il ne vivait pas son sourire. C'est pas comme si tu le vivais forcément toi aussi mais tu te forces à le rendre normal. Peut-être était-il un mauvais menteur... Enfin bon, ces questions disparaissent vite de tes pensées quand ton partenaire de jeu ouvre une mallette. Mais pas n'importe quelle mallette — ton terrain de jeu. Tes yeux se mettent à briller d'une passion brûlante — qu'importe si Matt te mentait ou pas, tu pouvais faire sauter ce que tu voulais. Tu laisse faire le brunet avant que tu puisses faire ce que tu veux. ❝  Si tu veux mon avis, faire exploser cet endroit ne t'apporterait rien. ❞ ... Oh, il t'a cru? Ton sarcasme est-il aussi bien joué que ça? Tu lances un rire plutôt gêné, pas vraiment sûr de si tu devais lui dire que t'étais pas vraiment sérieux. Il avait raison, faire exploser la base ne te rapporterait rien à part une réputation de traître. Peut-être que cette simple parole sans réel sérieux pourrait te faire passer pour quelqu'un de suspect... Il relève la tête pour te regarder avec un visage... Étrange? ❝  Et si tu essayes, je me chargerai de te transformer en kamikaze. ❞ Glauque. C'était le mot. Malsain, glauque, morbide, écœurant, vomitif. T'es pas une tapette, mais y'avait quelque chose dans son visage, dans sa voix, dans sa phrase qui était honnêtement effrayant. Son visage était aussi innocent que celui d'un enfant et pourtant — ses paroles semblaient plus vraies que nature.

Tu décides, comme à ton habitude, de dissimuler le dégoût soudain par un rire joyeux. ❝  Nyahaha! Pas vraiment humoriste hein? C'est beau de voir des toutous aussi fidèles! ❞ Oh. La dernière phrase était accidentellement sortie — comme d'habitude, tu n'avais pas réfléchi  avant de parler. Prions pour qu'il ne le prenne pas mal – vu comment cela avait commencé, il est très peu probable qu'il le prenne gentiment. Mais bon, tu décides de faire comme s'il avait compris que tu ne te prenais pas au sérieux — quand l'avais-tu fait? Et tu prends des gangs pour tripoter à ton tour quelques « babioles », réfléchissant en même temps à ce type, Matt. Franchement,  sur le coup, il est beaucoup moins sympathique que ce qu'il avait l'air au début. C'était pas aussi surprenant que ça à vrai dire, tu l'avais presque prévu.  ❝  Dis moi, pourquoi fais-tu exploser des choses? ❞ Retour à une tentative de socialisation? T'essayes un peu de le cerner mais c'est vraiment plus dur que ce que tu croyais — à croire que les seuls que tu pouvais réellement cerner c'était les types de ton école. Tellement simple, cliché, banal. Quand t'es aussi ennuyeux que ça, t'as pas envie de te suicider? Tu effaces rapidement cette question pour réfléchir à celle de ton collègue. Pourquoi, hein...? ❝ Pour rien. ❞ Vide. Le plat total dans ton ton. C'est vrai que la seule raison pour laquelle tu fais ça, c'est parce que ça te plait. ❝ Je trouve ça cool de faire exploser des bâtiments. Plus d'adrénaline qu'assis derrière un bureau, tu vois? ❞ Tu marques une pause. ❝ Et puis honnêtement, j'adore faire chier ces abrutis de flics.  ❞

Et là t'as plus l'air aussi banal que tu l'avais l'air au début. Chacun ses délires. Tu ne te poses pas la question quant à pourquoi une telle question aussi soudainement; peut-être était-ce juste histoire de faire connaissance, de meubler le vide. Juger un livre à sa couverture, c'est ta spécialité, alors attends un peu cette fois-ci. ❝ Et toi, alors? ❞ Tu renvoies donc la question. Ça te faisait secrètement rire, les gens normaux se demandaient quel est leur jeu vidéo favori, leur type de filles ou juste s'ils vont bien. Mais toi, tu demandes à des possibles amis (un bien grand mot en soi) pourquoi ils font péter des bâtiments. Et honnêtement, tu avais de très hautes espérances. Tu t'attendais à une réponse pas trop clichée, pas trop sombre. Peut-être qu'il ne te répondrait pas, qui sait. Si c'était le cas, ça serait peut-être l'équivalent d'une réponse clichée.

Un silence plane quelques longues minutes entre vous deux. Il ne comptait pas répondre, hein? Boh, tu lui en voulais pas, c'est normal, tout le monde à ses raisons. Cependant il continuait à sourire, comme s'il ne t'avait jamais entendu. Et ça, c'était une sorte de provocation que tu n'aimes pas du tout. Tu te contentes de faire la moue en tournant les aiguilles de l'horloge présente dans ton futur explosif. Le temps passe, ouais. Et ce sourire dégueulasse comme ça, ça t'énerve et pas qu'un peu. Peut-être avait-il mal pris le qualitatif de toutou que tu lui avais donné? Ça ne t'étonnerait pas, il faut dire, beaucoup de gens l'auraient mal pris. Tu continues de faire tourner l'horloge tout en fixant les fils, avant de commencer à les couper, les assembler comme ça. Pas de réponse, hein? ❝ Hm... ❞ Si? ❝ Pour rien. Je trouve ça cool de faire exploser des bâtiments. ❞ ... Tu esquisses un sourire forcé après un sourire, cachant ta déception de Matt, qui avait levé le nez - toujours avec ce même sourire, urgh. ❝ Et j'aime bien entendre les gens hurler. ❞

Là, ça devenait tout de suite plus intéressant, s'il ne se contentait pas de te citer. S'il te citait en disant la vérité? Peut-être que vous avez plus de points communs que tu ne le pensais... ❝ Et les paysages apocalyptiques. L'odeur de la poudre. La couleur des flammes. ❞ Ton sourire se force moins et devient plus naturel, vraiment content de cette réponse. Ton visage pourrait paraître un peu sadique sur le coup - mais ça pouvait pas être pire que l'air naturel qu'avait Matt. Tu te forçais à l'ignorer mais quand t'y prêtais attention c'était franchement nauséeux. Mais ça correspondait bien à l'ambiance général de l'organisation; glauque. Même toi, tu l'étais, à vrai dire, et t'en étais vachement fier. ❝ Ce genre de choses, tu vois ? On a peut-être plus de choses en commun qu'on ne le pense, ahah. Tu serais pas à l'université ? J'aurais juré voir un type avec la même dégaine que toi, une fois. ❞ Comme quoi, le simple fait que vous ayez pensé à la même chose est une preuve aussi ridicule des quelques points communs que vous pouvez avoir tous les deux.

Mieux encore, il était apparemment lui aussi à l'université. Etrange fait cependant, tu ne te souviens pas du tout de son visage. ❝ Hmm... Oui? ❞ Tu réponds tout en continuant à réfléchir. Faut dire, des visages aussi banal que le sien, même si c'est une perle rare ici, y'en a tous les mètres à l'université. Impossible que tu te souviennes de quoique soit à propos d'un certain brunet de ta taille. Y'en a tellement. Un peu trop à ton goût - tu te trouvais un peu trop banal à ton goût pour le coup. ❝ Mais je me souviens pas t'avoir vu en tout cas. ❞ C'était peut-être blessant mais c'était la vérité. Quoique c'était peut-être son intention, de pas se faire remarquer. Ton total opposé... Comme c'est drôle. ❝ Enfin, si tu y es, ça peut pas être une mauvaise chose.  ❞ Tu t’étires avant de te remettre au travail. ❝ J'me sentirais moins seul, à être terroriste à 19 ans, ha. ❞ Tu pestes un peu, mais être seul n'était pas si mauvais que ça. T'avais pris l'habitude, même.

❝ Qui te dit que j'ai dix-neuf ans ? ❞ Bien vu, bien vu. T'avais, comme à ton habitude, pas pris la peine de réfléchir. Le problème c'est qu'il les faisait, ces dix-neuf ans. Et maintenant qu'il lui avait en partie avouer qu'il ne les avait pas, tu étais bien curieux à ce sujet. ❝ T'as quel âge alors? 20 ans? 22 ans? 25 ans? ❞  Il faisait vraiment pas plus que vingt cinq ans — plot twist il en a 16. Bon bon, dans le pire des cas tu pourras le faire chier avec jusqu'à ce qu'il te le dise, c'est ta spécialité. Tu continueras à lui poser la question jusqu'à ce qu'il craque — soit il te répondra, soit il décidera que t'es pas le meilleur des amis. Dans les deux cas t'auras gagné – il aura soit répondu à ta question, soit il aura décidé de ne plus s'approcher de toi. Bon – laisser filer Matt te foutrait un peu les boules mais ça te permet de faire une sorte de tri sur qui te supporte et qui veut te voir se faire exécuter publiquement. ❝ Et je sais que tu ne m'as jamais remarqué, c'est parce que je l'ai décidé. Si tu fais le choix d'être invisible, alors tu le seras. Si j'avais voulu que tu me voies, alors tu m'aurais vu. C'est aussi simple que ça. ❞

Tu te contentes de sourire en guise de réponse. Facile de dire ça quand on a un visage passe partout. ... Dis-tu en étant aussi banal naturellement. Passer invisible dans un endroit rempli de monde? Il doit se sentir un peu seul, ça doit être dur pour lui, même si apparemment il l'a choisi de son propre gré. Être tout seul, huh... Au moins, il n'a personne qui peut l'empêcher de faire ce qu'il veut, ça doit être sympa comme mode de vie. Alors que toi, si on te traite pas comme un roi tu déprimes — et pourtant t'es pas spécialement fan de la compagnie. Un peu contradictoire comme mec. Tu réfléchis un peu à ce qu'il dit même s'il n'y a pas grand chose à réfléchir. Il sait juste bien s'infiltrer, un véritable ninja! Ton opposé total, vraiment. Tu fais une pause en soupirant un peu, enlevant tes gants pour les poser sur le sol. Pourquoi est-ce qu'il va à l'université alors qu'il pourrait se contenter de poser des bombes et attendre que ça fasse boom? Spécial comme type. Depuis le départ tu me diras. Tu lui poseras la question, tiens.

❝ Est-ce que je t'effraie ? ❞ ... C'était soudain, comme question. Quel changement de sujet rapide! T'es un peu surpris sur le coup et ton visage exprime bien cette confusion, avant d'y réfléchir. Avoir peur de lui? Quelle bonne blague! Eliott, t'as peur de rien, de personne, pas vrai? Évidemment. La seule phobie que t'as c'est celle des chats — aussi putes que les Aliens quoi. ❝ Haha! Moi? Être effrayé? La peur a peur de moi mec!  ❞ tu te contentes de répondre au début, avant d'élaborer plus sérieusement. ❝ T'es plutôt glauque dans ton genre, mais je t'aime bien.  ❞ « Aimer » n'est probablement pas le verbe approprié mais c'est pas comme si t'en avais quelque chose à foutre. Disons que t'aimais ce qu'il disait, peut-être pas la personne en question. À voir. Ça fait dix minutes que vous vous connaissez aussi, faut pas l'oublier.

❝ Bon! À mon tour maintenant.  ❞ Tu lances joyeusement avant d'enchaîner avec un sourire; ❝ T'as quel âge donc? Avoue t'as 22 ans, je le dirais à personne.  ❞. Vingt ans te semblait un peu jeune — parce que dix-neuf et vingt-ans c'est la même chose, tout comme vingt-cinq ans c'était quand même un peu trop âgé à ton goût. ❝ Ah ouais aussi — qu'est-ce que tu fais à l'université? T'es pas là pour apprendre des trucs, si? ❞ La voilà, la question importante. Honnêtement, Matt ne te semblait pas trop intéressé par ce genre de choses — était-il au moins intéressé par une chose? Si t'avais bon, c'était juste une couverture. Ou peut-être que t'étais juste parano et qu'il y était vraiment pour faire de grandes études — ça te ferait un peu rire à vrai dire.

Il te dévisage, visiblement surpris de ton avis sur sa personne — peut-être qu'il n'avait pas l'habitude. Si c'était le cas, ça veut dire que t'étais original et ça, ça te plait. Tu te demandes pendant un moment ce qu'on pense de lui normalement. Avait-il au moins une connaissance? Un ami? À en juger par son comportement et ces dires de plus tôt, c'est probablement un de ces sociophobes. Tu sais pas, ce type est tellement pas facile à cerner là, avec son sourire, ça te stresse trop en vrai, même si toi aussi tu te contentes de sourire. Parce que c'est pas épuisant et ça te rend énigmatiques — les types énigmatiques plaisent aux fangirls apparemment alors voilà. Nan mais sérieux c'est assez gênant comme conversation, tu peux pas dire s'il te déteste ou pas. Tu devrais lui poser la question mais si ça se trouve il allait te dire non juste pour... bah pour pas que tu sois vexé, peut-être. Ça arrive souvent à vrai dire. Et ça te fait tellement rire. Bon après, c'est pas comme ci lui était comme les autres — c'est un terroriste quand même. Tu pousses la mallette, dévoilant un Matt dessinant — dessiner? Tu t'y attendais pas pour être honnête. Faut dire, un type qui pose des bombes faire un truc aussi... chiant? Et inutile?❝ Aaah tu m'as démasqué ! J'ai bientôt vingt-deux ans. Mais garde ça pour toi hein, je veux pas trop en dire sur mon compte, on sait jamais. ❞ Franchement, ce type t'impressionne. Il passe de monstre à humain sans prévenir, avec son visage de gosse comme ça, et on ne sait pas lequel de son visage est le vrai. Ces types là sont dangereux — tout comme ils sont en général les plus amusants et intéressants. On peut entrevoir une sorte de joie dans ton regard – pas parce qu'il t'a dit ton âge non, évidemment, tu t'en battais les couilles au fond, c'est juste pour la forme. ❝ Bientôt~? ❞ ... Je t'arrête tout de suite, Eliott. On sait tous comment ça va se terminer, et si j'étais toi je ferais pas ça, surtout que tu ne retiendras très probablement pas sa date d'anniversaire, haha. Juste pour le plaisir. Parce que t'es un gros enculé et ça te plait. ❝ Quand exactement? ❞ Tu te rapproche un peu de lui. Tu peux pas t'en empêcher, c'est une maladie hein. En plus t'en es fier. Tu soupires un peu avant de poser des bras en arrière, un soupir satisfait s'échappant de tes lèvres.

❝ Je suis le cursus d'art plastique. J'aime bien l'art, c'est reposant. C'est la seule chose pour laquelle je suis à l'aise. Hormis les explosifs. ❞ Une pause pour rire. ❝ Et ça me sert de couverture, aussi. ❞ Évidemment. Mais franchement, qu'est-ce qu'il y a d'agréable à dessiner? C'est juste genre... Faire des trais... Et après ça ressemble à quelque chose. Genre rien. Pas de booms. Juste des bruits de crayons qui écrivent — pardon, dessinent et franchement ça te fait chier. Confus par une occupation aussi ridicule que celle là, tu te masses la nuque avant de te concentrer un peu sur le travail de Matt. Même si c'était un peu dur vu que t'étais à l'envers. Ça ressemblait encore moins à quelque chose sérieux. ❝ Me dis pas que tu vas en cours parce que papa et maman te disent d'y aller toi, hm ? ❞ Tu pouvais voir de la moquerie dans les yeux de ton collègue — ha. Parler de tes parents, c'était assez osé. Tu réfléchis un peu.

Ce que tu fous à l'université? Pas grand chose en sommes, t'étais plus forcé d'y aller parce que l'orphelinat t'a un peu dégagé maintenant que t'es "adulte". Bah, de toute façon rester là bas juste pour faire boom devant des gosses, non merci quoi. Maintenant, la question était — qu'est-ce que tu devais répondre? Tes parents sont morts et aussi triste que ça puisse, t'aurais vachement préféré être forcé à bosser quelques années en plus plutôt que de te retrouver interné de force — et sur le bord de la pauvreté. Mais lui dire que tes parents sont six pieds sous terre — c'était déjà pratiquement impossible que tu le dises à un type normal mais à un mec aussi étrange que Matt, plutôt mourir. ❝ Hm... C'est plus compliqué que ça. ❞ Tu te contentes de répondre. ... T'es censé développer là, Eliott. Mais tu le fais pas parce que merde, t'avais pas envie, tu fais ce que tu veux et s'il insiste — ce qui t'étonnerait... un peu (en fait tu ne sais pas si ça t'étonnerait, ce mec est pas assez prévisible pour qu'il passe sous tes probabilités) —, tu lui diras d'aller se faire cuire un œuf.

Il penche sa tête sur le côté - tu n'as pourtant rien dit de spécial? Justement. Tu hausses un sourcil, qu'est-ce qu'il te veut? Pitié, qu'il ne te demande pas d'élaborer. C'est ironique ce que tu dis là, parce que peut-être que Matt avait prié pour la même chose avant. "Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse", hm? Tu t'en bats tellement les couilles de ce proverbe que le type qui l'a inventé devrait avoir la haine contre toi. ❝ Hmmmm... ❞ Il lève les yeux. ❝ Je vois. ❞ Il se relève avec un petit sourire, tu le suis des yeux. ❝ Chacun à le droit à ses petits secrets, n'est-ce pas ? ❞ Il te tire la langue, te faisant un clin d'oeil par la même occasion - répugnant.

Non, personne n'a le droit à ses petits secrets. Tu as le droit. Mais les autres, tu devais tout savoir d'eux. Tu ne voulais pas rester dans l'ignorance, tu ne voulais pas qu'on te cache quoique soit qui pourrait t’intéresser. Tu voulais tout savoir, du nom de leurs parents à leur premier amour, en passant par la personne qui leur avait fait perdre leur virginité. Mais lui - tu ne savais que son prénom et son âge, et ça t'embêtait, et pas qu'un peu. Tu ne peux prédire aucune de ses actions à cause de ses switchs chelou et ça te stressait, tu devais faire au feeling. ❝ Je te pose la question mais je dois t'avouer que je m'en fiche pas mal de la condition des autres. J'crois que de nos jours, personne n'aime parler de soi.  ❞ Il te donne une pichenette sur le nez. ?? Tu hausses un sourcil, surpris par le contact soudain. ❝ On est tous des fruits pourris. Vaut mieux pas savoir ce qui se cache dans nos entrailles. ❞ Pour le coup, t'approuvais encore moins ce qu'il te disait. Tu fais la moue, soupirant en même temps.

❝ Tu trouves? J'aime bien voir combien le monde est banal, et ne pas savoir à qui je parle m'énerve assez. ❞ Tu commences plutôt nonchalamment. ❝ Imagine, tu parles à quelqu'un réputé pour être un stalkeur ou un tueur en série et tu le sais pas — ça te fait pas flipper? ❞ Tu demandes, même si au fond, tu aimerais bien discuter avec une personne aussi originale — ton quotidien serait tellement plus pétillant. ❝ T'aurais pas envie d'en savoir plus sur cette personne...? ❞ tu continues de lui demander, une certaine rêverie dans ton regard. ❝ Enfin bon, j'imagine que t'as que quelque chose genre 5% de chances de rencontrer quelqu'un comme ça... ❞ Tu pestes un peu. Même les terroristes d'ici n'avaient pas tous des choses intéressantes à savoir.