Rues rues rues rues. Gens gens gens gens. Et vas-y que je te bouscule soit-disant parce que je suis pressé. Putain de foule. Y'a vraiment trop de gens à Varen, c'est pas agréable. A cause de ces connards d'extraterrestres non mais sérieusement. Malheureusement pour toi tu n'as pas eu la chance de vivre avant que ces choses envahissent cette ville. Était-ce mieux ainsi? Probablement que non, on se dit toujours malheureux quoiqu'il arrive. Regarde, imagine les mecs qui faisaient la seconde guerre mondiale! Ils auraient bien aimé être à ta place. Toi, tu aurais bien pris leur place aussi. Il faut dire, là bas, c'était surtout des explosons. Des gros booms. Qui tuent, qui brillent, qui blessent. Là, c'était trop calme quoi. Enfin, sur le moment pas trop vu qu'on manquait de te faire trébucher dix fois à la minute.  Et ça t'énervait. Beaucoup. Un peu trop même.

Et pourtant dans ta tête y te dis que c'est rien, que tu n'es personne de toute façon alors tu ne peux pas trop gueuler ni quoique soit. Comme toujours. Alors tu te contentes d'être en colère dans ta tête, ton sang bouille, ta température corporelle augmente et pourtant dehors, tu as l'air d'un type banal, aussi original qu'un personnage cliché de manga. Heureusement que tu savais te contenir, heureusement. Si tu pètes une crise maintenant, ça pourrait se retourner contre toi – t'avais retenu la leçon pour sûr. Pour te calmer les nerfs, tu décides de tourner dans une petite ruelle vide. Et Dieu que ça fait du bien, de ne plus avoir de quoi s'énerver. Pour te calmer, tu sors un paquet de clope, tes mains tremblant méchamment — c'est quoi ça déjà, de l'agoraphobie? Ah oui, trauma à cause de l'explosion s'il y a douze ans. T'avais presque oublié, ha. Tu fais tomber le paquet de cigarettes, qui fait quelques tonneaux avant de finir sur la zone envahie. Tu te baisses lentement pour le récupérer, fatigué par cette dose de stresse plutôt énorme, quand soudain, c'est le drame.

On te marche sur la main pendant que tu récupères le paquet.

Et rien. Pas une excuse, pas d'aide ni rien. Et c'est limite si le coupable n'avait pas appuyer pour bien te faire mal. Et là, ton ego prend un sale coup. Tu agrippes la jambe au garçon, récupérant ton paquet au passage, te relevant lentement. Ce pauvre garçon, ce pauvre type, ce connard allait le payer cher. ❝ Hé toi...  ❞ Tu serres les poings, une haine évidente présente dans  ta voix. ❝ Est-ce que tu sais combien est-ce qu'un seul putain de paquet coûte?  ❞ Tu te retiens de lui coller une baigne, si ça se trouve il avait pas fait attention mais là c'était la fois de trop. Tu lèves les yeux pour  fixer les siens, le cognant contre un mur. ❝ J'espère que tu comptes t'excuser?  ❞ Putain Eliott calme toi, c'est qu'un paquet de clope bordel de merde. Si t'en fume trop tu vas mourir en plus.

Et il explose de rire. Cette ordure rigole pour une question que t'as du mal à trouver. C'est pas comme si t'étais dans le bon état d'esprit pour réfléchir aussi, là tu bouillais trop, parce qu'un paquet de clope, c'est 10 putain de doms. Et l'argent ne pousse pas sur les arbres bordel de merde, 10 doms de gaspillé ça fait mal au cul. ❝ Je t'empêche de te détruire les poumons et tu me demandes des excuses, tu serais pas un con ? ❞ ... Sérieux? Sérieusement sérieux? Ok donc toi t'es con. Tu savais pas si tu devais pleurer ou rire, ce type était tellement con. Et toi t'étais trop en colère pour avouer que c'était la vérité, mais merde quoi, 10 doms. Et en plus, il te les a explosé au moment où t'en avais le plus besoin, merde quoi. MERDE QUOI. Tu t'apprêtes à lui foutre un poing dans sa gueule quand il reprend avant que tu puisses lever la main. ❝ Vous êtes tous pareil, les humains. Stupide. Maintenant si tu pourrais me laisser partir, tu vas salir mes vêtements. ❞ A ton tour d'exploser de rire. Humains? Ah ok, lui aussi est un de ces connards d'envahisseurs. Raison de plus pour lui casser la gueule. Tu le pousses sur le sol tout en l'empêchant de se casser, sinon ça serait trop facile.

❝ C'est drôle, je pourrais dire exactement la même chose sur toi. ❞ Tu marques une pause. ❝ Vous êtes tous pareils, les non fumeurs~ Stuuupide~  ❞ Tu prends soin d'imiter sa voix en bon foutage de gueule. Dans un sens, il avait raison mais chut faut pas le dire quoi, t'es vénère. ❝ Un paquet c'est 10 doms. T'as cru que c'était gratuit? Si ça l'était tout le monde fumerait, connard.  ❞ Une nouvelle pause. ❝ Si t'es pas content t'as qu'à gentiment retourner sur ta planète, on a pas besoin de toi ici.  ❞ Tu l'avais vraiment mal pris, le coup de la discrimination sur les humains. Limite le racisme entre humains était moins blessant que ce genre de racisme. Faut dire toi, on a aucune raison de te discriminer - bon, t'es un terroriste mais ça c'est censé rester secret, alors ça personne peut le savoir. ❝ J'espère que t'as 10 doms sur toi, sinon va falloir que je te fouille. ❞ Tes yeux sont vraiment pas gentils, haha, on dirait que tu vas le tuer. Bon, t'avais un peu des envies de meurtres mais faut que tu les caches, sinon tu te ferais peut-être encore arrêter. Tu fais tomber les clopes de ton paquet. Toutes écrabouillées, obsolètes, gâchées. T'en avais presque les larmes aux yeux.

T'avais envie de lui crever les yeux, pour ne plus voir ce dégoût, cette haine permanante. Comment fait-il pour vivre sur Terre, cette planète composée à genre 99% d'être humains? C'est pas possible sérieux, faut qu'il se suicide quoi. T'essayes d'écraser son regard par le tien - genre t'essaies de lui faire peur mais faut croire que c'est pas encore ça, hein. Enfin, si ce mec ne ressent que ce genre de choses envers la race dominante (c'est important de le préciser, sait-on jamais), sa vie doit être vachement triste. C'est pas comme si tu ressentais la même haine envers lui - mais toi t'avais une bonne raison quoi, c'était ta planète, pas la sienne. Le blond lâche un rire sans vie. Plutôt glauque, peut-être qu'il se moquait de toi.  ❝ Tu pleures ? ❞ Tu hausses un sourcil. ❝ Ha? ❞ C'était quoi ça, de la persuasion? De la moquerie? ❝ Tu vas pleurer, avoue ? Ouais, ah mais t'es un peuuu une tapette en fait. ❞ Il te jette un mouchoir à la tronche avec un visage amusé. Toi? Pleurer? Toi? Quelle bonne blague. T'y aurais presque cru - t'étais pas assez humain pour pleurer. ❝ Comme si j'allais te donner 10 doms, connard, va chouiner autre part, tu me donnes envie de vomir. ❞

T'étais partagé entre le dégoût et le rire. Non seulement il se permet de t'écraser tes putains de 10 doms - merde quoi -, mais en plus il t'insulte comme ça? Pour l'empêcher de se casser - bon il est plus petit que toi donc y'avait peu de chances qu'il ose. ❝ C'est moi qui devrait aller vomir, tu me dégoûtes avec tes airs supérieur. ❞ Est-ce que tu sens la haine en Eliott? Moi oui, je la sens et franchement c'est terrifiant. Il faut pas t'énerver, Eliott, c'est un principe de base de toute connaissance de ta merveilleuse personne. T'as envie de lui cracher dessus mais tu te retiens - même si le voir énervé t'amuserait plutôt pas mal. ❝ Si tu veux te casser, fais moi dégager du chemin. ❞ Tu marques une pause, un large sourire se dessinant lentement sur ton visage. Amuse moi, bête de foire. ❝ Sinon c'est 10 doms. ❞ Ton sourire devient plus gentil, agréable. En fait tu te fous juste de sa gueule grave, tu sais qu'il aura pas les couilles de te dégager, sinon il l'aurait déjà fait.

Tu le sentais trembler, tellement en colère que tu pouvais le sentir - l'odeur de la haine. Cette odeur que tu affectionnais tellement quand elle venait d'un mec que tu voulais exploser. Ben alors, qu'est-ce qui te retient? T'as pas de force? Faut dire, t'avais l'avantage de la taille - mais t'étais pas bien musclé toi non plus, peut-être que vous aviez la même force. Ha, de toute façon il avait pas le courage de te frapper, si? Si? Nan, bien sûr que nan. Il te défie du regard - non mais sérieux, arrête tes conneries, tu fais quoi, 1m20? C'est risible, t'as presque envie de le dire à voix haute, les chances pour qu'il te fasse mal sont de quoi, 20% ? Peut-être même moins. C'est pas comme si ces vingts pourcent te faisaient peur, t'as peur de rien toi, ha. ❝ T'es marrant toi. ❞ L'étais-tu vraiment? Ce n'était pas principalement pour ça qu'on t'aimait - ou te détestait. Quand t'en a occasion tu dis de la merde mais là, pour le coup, moins sérieux que toi, c'était très dur à trouver. Ton regard se durcit un peu. ❝ Désolé, mais même avec des gants, je touche pas la merde. ❞

... De la merde? Tu lâche un petit rire. Des gants, hein? Voilà une bonne opportunité de le faire chier. Tu le plaque au mur, tes yeux ne quittant pas les siens. Lentement, tu retires ses gangs avec tes doigts, souriant d'un air satisfait. Le simple fait de les retirer l'avait probablement déjà énerver, et à peine que ses gants touchent le sol que tu joins tes mains aux plus pâles de l'alien. ❝ Dommage, hein? Va falloir que tu coupes les mains maintenant. ❞ Un sourire sadique remplace la satisfaction précédente. Tu profites de le probable état de choc dans lequel il se trouvait pour lui mettre une baigne et le foutre encore une fois au sol. ❝ Tsk. Traiter un roi de cette manière revient à signer son arrêt de mort. ❞ Tu constates, te baissant pour te mettre à fouiller le blondinet. Poches, intérieur des vêtements, tu vérifies en touchant un peu partout, trouvant enfin ce que tu voulais depuis le début; un billet de 10 doms. Tu secoues l'objet sous le nez de ta victime, un sourire satisfait sur ton visage. ❝ Merci monsieur l'alien, c'est trop aimable de votre part! ❞

Tu l'avais énervé. Et qu'est-ce qu'en t'en es fier. Tu voyais son voyage rougit par la colère alors que tu agitais ta récompense sous son nez. ❝ R-rends moi ça tout de suite. ❞ Haha. T'avais gagné. Il était en train de s'énerver. Il allait te foutre un pain. Mais t'allais probablement pas avoir mal — allait-il au moins réussir à atteindre ton visage? T'avais envie d'exploser de rire, cependant tu te retiens — il semblerait que ce type soit un peu plus coriace que ce que tu avais prévu. Tu vois un sourire se dessiner sur son visage. ❝ Enfin, c'est que je dirais si j'aurais pas un rond en poche, comme toi apparemment. ❞ Encore de la provocation? Bon sang. Il se relève, passant une énième fois la main sur ses vêtements — dégoûtant, t'as que ça à porter?. ❝ Tu peux te casser, raconter à tout le monde ton "exploit". ❞ À qui? Telle est la question. Un rire moqueur avec un regard méprisant. ... Tu vas buter ce mec, sérieux.  ❝ Allez maintenant que t'es riche, va te payer une nouvelle vie et un cerveaux en prime, t'en as bien besoin, enculé. ❞ C'est ridicule. T'avais l'habitude de ce genre d'insultes – tu te fais régulièrement traité de fils de pute par des mecs de l'université et alors? Normalement, tu ne réagissais pas mais pour le coup, t'étais un peu en mode « je m'énerve pour tout et pour rien »... Wait, tu l'es pas genre tout le temps? Ah si. Tu éclates de rire parce que merde, ce mec est trop hilarant.

❝ Tu m'as l'air bien énervé pour quelqu'un qui en a rien à foutre de s'être fait voler 10 doms. ❞ Tu te contentes de constater. Mais au fond, les merdes qu'il t'a dit, tu les as en travers la gorge et tu comptes bien lui faire payer. ❝ Peut-être qu'il faut que je te vide les poches?  ❞ Tu demandes innocemment, avec un sourire se traduisant par « C'est bien ce que je compte faire, fils de pute ». Tu te permet d'écraser les gants — blancs en plus, quelle connerie. Tu repioches à l'endroit où tu avais trouvé l'argent pour y trouver — un, deux, trois billets de la même valeur que celui que tu tenais, avec quelques pièces traînant dans la poche. Sans rancune frère. ❝ Jackpot!   ❞ tu t'exclames, très content de ce que tu avais trouvé. Tu les agites assez haut pour que le blond ne puisse pas les attraper, plus que satisfait. Tu les agites comme ça une bonne minute avant de les déchirer en petits morceaux. ... Pourquoi? Oh Ben pour le fun. T'es pas complètement pauvre, il t'arrive souvent de fouiller les poches des victimes de tes explosions alors voilà. Tu fais en sortes qu'on ne puisse pas les reconstituer, histoire de bien briser le cœur du petit. ❝ Voilà, maintenant c'est moi le plus riche de nous deux, triste hein? ❞ Tu couvre ta bouche de ton billet pour étouffer un rire et accessoirement pour pouvoir sentir la merveilleuse odeur de l'argent. Maintenant, il y a plus qu'à prier pour qu'il pète les plombs, t'avais envie de le voir s'énerver pour de bon.