Tu étais fin prêt. Pour une fois, ton chandail était bien placé, tu avais même mis une cravate et tu étais armé de ton sourire. 1, 2, 3 et tu comptais l’aborder. Il te fallait juste un peu de courage. Allez, juste un peu de courage. Tsk, passer tant de temps sur l’autre planète n’avait pas fait de toi un homme plus courageux. En fait, là-bas, tu avais eu tant d’aisance à aborder les gens qu'ici tu ressemblais à une autre personne. Là-bas, c'était un et deux coups d’épée et si elle survivait bah elle était assez forte pour te supporter et sortir avec toi.

*pan*

Awch, tu viens de te prendre un coup. Était-ce ton subconscient qui était sorti de ton corps pour te frapper? La réponse était inconnue pour le moment, ce devait probablement être la partie «con» de ton subsconcient. Dans tout les cas, elle t’attendait. Nah ce n’était qu’une blague. En fait, elle parlait à ses amies et ne te voyait même pas. Du moins, c’est ce que tu pensais jusqu’à ce qu’elle se retourne vers toi pour te regarder en affichant un air gêné. Ohoh est ce que tu venais de rougir? Peut-être, mais elle était en train de chuchoter des trucs probablement agréables à ton propos. Voilà, ta chance était clairement devant toi. C’était impossible que tu la laisses s’en aller si? Nope! Tu venais de prendre ton courage à deux mains et d’exécuter le premier pas vers l’avant. Ensuite, avec toute la force que te demandait l’exécution de gestes primaires, tu tentes d’avancer ta seconde jambe jusqu’à ce qu’un fardeau commence à parler. Sur le coup tu te dis : C’est quoi cette petite voix qui miaule et qui m’empêche d’avancer? C’est à ce moment que tu regardes derrière toi et aperçois une jeune femme assez mignonne. C’était donc ça le truc qui t’avait foncé dessus. Tout s’expliquait sauf que voilà, elle était beaucoup trop jeune en comparaison à l’autre qui…ah, elles venaient de s’enfuir en criant le mot hentai. Génial, elles lisaient dans tes pensées.

-Étrangère?

Quoi, tu avais entendu ce qu’elle avait dit? Par moment, tu ressemblais carrément à une bête provenant d’une autre planète. Sérieusement, ta capacité à faire dix mille choses en même temps devait provenir de ton sang métis. Eh oui, les métis étaient les êtres supérieurs haha. Du moins, tu aimerais pouvoir dire ce genre de trucs, mais tu savais pertinemment que cette habileté s’était développé au fil des jours que tu avais survécu lors de ton périple à l’étranger. Là-bas, il était impossible de faire une seule chose. Lorsque tu dormais, tu devais veiller à ce que personne ne te tue. Lorsque tu draguais, tu devais veiller à ce que personne ne te chipe ta femme et te tue. Lorsque tu étais aux toilettes, tu devais…en fait, il n’y avait pas de toilette. Bref, elle attendait une réponse.

-Tu m’excuseras, mais tu me sembles tout sauf étrangère.

Tu attrapes d’un seul geste sa joue. Tu étais rude, mais c’était à cause que tu avais fini par perdre l’habitude d’être gentil dans tes gestes.

-Mais vu l’élasticité de ta joue et ton parfum…

Quand as-tu eu le temps de la sentir? Euh depuis que tu as amené ton nez à la base de son cou?

-Tu ressembles à un être humain et tu sens bon comme un être humain.

Au début, tu avais cru qu’elle t’avait menti, mais dans ta tête, être étranger rimait à être étrange parce que croyez-le ou non, il y avait le mot étrange dans étrangers. Oui , oui. Ça faisait des immigrants des êtres étranges. Ahah, si seulement tu n’étais pas métis, tu aurais pu être raciste, crétin. Mais bon, ce n'était plus le temps de jouer, elle devait probablement attendre des gestes un peu plus normaux en provenance de ta part.

-Mais en fait, je me demande pourquoi je t’ai posé la question. Il n’y a que les humains qui tentent d’acheter les gens avec de l’argent.

Tu soupires d’un seul coup, reprenant ton expression et ton allure usuelle. Sur le coup, tu sembles moins étrange et beaucoup plus réservé alors que tu regardes tout sauf celle à qui tu t’adresses.

-Dans tous les cas, l’argent ne m’intéresse pas. Dans mon visage ça devrait être inscrit que l’on ne me paye qu’en nature non?

Ah oui, sur la planète dans laquelle tu avais vécu, la monnaie d’échange était surnommée nature parce qu’elle correspondait à tout ce qui pouvait s’échanger naturellement. Que ce soit par une bonne action, un plat ou autre. Malheureusement, toutes tes cellules s’étaient repliées dans leur placard, t’empêchant de venir corriger ta faute. Dommage, tu venais de te forcer à sourire. Ça aurait pu être beau si tu n’étais pas aussi con.

Tu te décides finalement à regarder la jeune femme et tu réalises qu’elle était drôlement mignonne. Sous ses faux airs de gêne, tu pouvais ressentir une tendresse ou plutôt quelque chose de profond. Par contre, tu te fais distraire par son regard beaucoup trop vif pour être inoffensif. Tu connaissais bien ses yeux, cette manière de te regarder. Pour l’avoir vue plusieurs fois sur l’autre planète, tu savais à quel point ses iris marron étaient dangereux. Ainsi, tu fais un pas vers l’arrière,  te mettant soudainement sur la défensive. Tu sembles perplexe, comme si elle avait dit quelque chose qui t’avait offensé d’une quelconque manière.

-Arrêtez de me regarder comme ça.

Tu fronces les sourcils, comme si tu devenais de plus en plus offusquer par les airs qu’elle prenait. Si ça continuait, tu allais t’énerver. Oui, si elle continuait, tu allais la perturber autant qu’elle te perturbait.

-Vous êtes jolie, vous savez?

Tu as explosé et tes joues se teignent d’un rouge assez vif. Avec délicatesse, tu viens enlacer la jeune femme au niveau de ses épaules. Tu venais donc de te porter garant de cette demoiselle en détresse. Ah et concernant le regard, tu l’avais bel et bien reconnu, c’était celui d’une jeune femme qui voulait un homme sans forcément savoir comment lui dire. Rien qu’à voir la manière dont elle avait fait semblant de ne rien comprendre lorsque tu lui avais parlé d’argent, tu pouvais comprendre qu’elle était perdue par les sentiments qu’elle éprouvait secrètement pour toi. Halala, une chance qu’elle était tombée sur un bon mec comme toi.

-T’en fais pas, je vais m’occuper de toi.

Tu fais deux pas en sa compagnie avant de t’arrêter brusquement. Le triage des données venait de se terminer et te forçait à prendre un nouveau pas de distance avec elle. Quelque chose clochait et tu n’allais pas tarder à mettre le nez dessus.

-Mais, juste une petite question comme ça. Quand vous dites que vous ‘’supposez’’ que je ne suis pas un être humain, est-ce que vous pensez que je ressemble à ce truc.

Évidemment, ton doigt pointe un lieu au hasard. Malheureusement, ce lieu est un objet qui vous envoie un reflet de vous-même. Tu étais tellement chanceux que ton doigt s’était même posé sur son reflet. Oups?

-Euh, ce truc…

Tu cherches du regard un alien étrange et Dieu sait que ce n’était pas ce qui manquait.

-ou ce truc…

Ohoh, ils vous regardaient croche avec leurs 5 yeux. Ahah, c’était encore mieux pour savoir quand fuir.

-Allons dans un lieu avec un peu moins d’immigrants vous voulez?

Immigrant, alien, bref, c’était tous des squatteurs, et ce, même si tu en étais un.

-Mais si vous êtes raciste, nous pouvons toujours prendre le temps de faire des enfants pour voir s’ils ont un troisième œil.

Tu ne souris même pas alors que tu lui empoignes le poignet en prenant  une destination inconnue. Tu espères que les racailles que tu avais pointées ne te suivraient pas. Mais voilà, espérer n’était pas ta force et tes espérances se réalisaient toujours de manière contraire à ce que tu désirais. Tu venais de vous attirer des ennuis. Vous deviez marcher vite, très vite.

Comme tous les êtres humains, dès qu’une personne devient inutile, celle-ci se fait rapidement substituer par une autre personne. C’était ce qui était en train de t’arriver. Sans même chercher à savoir qui tu étais, elle venait de te faire ses adieux, désireuse d’atteindre son objectif à tout prix sans se soucier des gens qu’elle mettait en plan sous prétexte qu’ils ne pouvaient l’aider. Ce genre de réaction était très facile à comprendre, mais si typique. Tu ne pouvais que constater que partout où tu allais, rien ne changeait. Les gens restaient hypocrites et poignardaient les autres dans le dos. La seule différence était les manières que les gens employaient de manière à accomplirleurs desseins. Sur le coup, tu prends un pas de recul, t’encrant ainsi dans un profond désarroi. Ce n’était pas de sa faute. Simplement, toute cette histoire et ses caractéristiques te rappelaient beaucoup trop ton passé. Or, tu devais faire fi de ce qui t’était arrivé comme tu l’avais si souvent fait. Tu secoues donc ta tête en imitant presque un chien avant de venir te donner quelques petits coups sur la tête.

-Oui, je comprends.

Tu te retournes pour partir. En même temps, c’était une délivrance pour toi, car tu n’aimais pas vraiment socialiser avec les gens. Surtout qu’elle n’était qu’une personne banale et par conséquent, dénuée d’intérêt. Comme tous les autres êtres de votre espèce, vous viviez que pour vivre. Votre vie, du moins, la leur était ennuyante et plate comme la planche de bois avec qui tu venais de parler.

-Hu?

Tu ne comprends pas. Quelque chose de grand et de dur t’arrête. Non, ce n’était pas une érection. Quelqu’un ou plutôt un groupe de personnes se tenait devant toi, te regardant d’un air malsain. C’était les extraterrestres que tu avais préalablement pointés du doigt. Quelque chose te disait qu’ils n’avaient pas de bonnes intentions à votre égard, mais tu ne pouvais en être certain. Du moins, pas avant qu’ils ne te poussent brusquement vers ta planche de bois. Au moins, tu avais pu ralentir la poussée à l’aide de tes jambes. Sans quoi, ton dos se serait heurté à la planche de bois de celle-ci et Dieu sait ô combien ça n’aurait pas été confortable.

-Bon, je suppose que tu peux leur demander à eux. Ils semblent intéressés par ton problème je crois.

Tu reculais légèrement, te voyant entouré par ses étranges créatures. Il y avait des extraterrestres de toutes races, dont des krarns. Génial, surtout que c’était sur leur planète que tu t’étais fait massacrer.

-Pas la question de racisme...

Sur ce mot, ils froncent leurs muscles liés à l'arc sourcilier. Refusé, ils n’avaient pas de sourcil, donc ils ne pouvaient rien froncer.

-Du moins, la question…

Ils ne te laissent pas le temps de parler. Ils veulent t’étouffer, te détruire et te voir être consumé par la pression qu’ils opposent. Ce faisant, le cercle se referme un peu plus alors que la menace se fait de plus en plus sentir. L’espace d’un instant, tu redeviens sérieux. Tes yeux se baladent rapidement vers la moindre faille qui te permettrait de transformer ce combat à ton avantage. Rien, il n’y a aucune faille visible sans l’utilisation de ton pouvoir. Malheureusement, tu ne pouvais pas te permettre de l’employer, pas devant les gens…

-C’est elle la raciste, vous savez.

Sur ce, tu fais comme si tu ne la connaissais pas et tentes de sortir du cercle sans chercher plus de problèmes.