14h34 , c’est l’heure pour le héros le plus détesté d’aller prendre un repas. Oh yeah! Tu viens de sauver quelqu’un en t’attirant les ovations carrément négatives de la foule. Mais ce n’est que la routine. À la longue, les huées étaient devenues une mélodieuse symphonie qui ressemblait carrément à une ovation d’où le sourire qui s’affichait dans tes airs. Par contre, il fallait que tu fasses attention. Rester trop longtemps sur la terre ferme risquait de t’attirer les coups faibles du troupeau dérouté. Un, deux , trois et tu étais dans les airs. Grâce à ton don, tu arrivais à créer de petits tourbillons en dessous de tes semelles. Ainsi, tu donnais l’impression aux gens de gravir de simples marches d’escalier. D’ailleurs, ils te regardaient tous avec les sourcils froncés. B

-Bande de jaloux, ne cachez pas votre surprise, je sais que vous aimez mon style.

Tu le dis de manière tout à fait sarcastique alors que tu leur fais une révérence. C’était l’heure du départ tant attendue. Ils attendaient ce moment avec impatience et toi aussi.

-On se reverra au prochain crime.

Sur ce, tu ne leur tournes même pas les talons. Tu désires leur offrir la chance de  regarder ta classe un peu plus longtemps. Ce faisant, tu commences à reculer en levant le talon. Moonwalk Time bitches!

-Dégage!

Comme tu pouvais le voir, ils aimaient drôlement ton style et la classe avec lesquels tu faisais ta sortie de scène. Malheureusement, aucune de leurs paroles n’arrivait à te toucher. À tes débuts, tu avais tellement entendu de mots péjoratifs que tu n’avais pas eu le choix d’ignorer tous commentaires que l’on adressait à ton égard. Ça , c’était sans compter le fait que tu n’aimais pas du tout l’attention du public. À première vue, tu semblais à l’aise et apte à faire des mascarades. Or, derrière ce masque se cachait une tout autre personne et la partie normale de toi voulait un repas dans la paix.


Tu entres dans un restaurant assez particulier. Tu avais longuement entendu parler de cet endroit pour son richissime gourmet. Or, ce lieu visait surtout une clientèle assez huppée et riche ce qui voulait forcément dire que tu n’étais pas le bienvenue. C’est drôle, avec le temps, aucun lieu ne semblait propice à t’accueillir. Bref, tu entrais quand même parce que même si le monde semblait t’en vouloir, tu t’en foutais. Tout comme tu le faisais avec les bandits trop difficiles à capturer héroïquement, tu comptais tuer l’adversité. Cette fois-ci, tu avais rangé ton arme dans un lieu secret. Quoi? Les héros trouvaient toujours un moyen de planquer leurs 10 000 objets sans que personne ne le remarque non? Donc, le comment du pourquoi tu étais habillé en civil sans aucune trace de ton côté héroïque n’était pas important. L’essentiel était les regards que tu envoyais à ceux qui osaient dévisager ton accoutrement quelque peu dévergondés pour le restaurant.

-Une table individuelle je vous prie.

Tu étais tellement concentré que tu étais entré sans parler au monsieur qui était à l’accueil. Tu avais vraiment une attitude digne d’un héros. Mais au moins, à part le serveur et les regards déplacés, personne ne comptait te déranger maintenant que tu venais d'avoir ta table. Du moins, c’est ce que tu pensais.

Bonne journée. Belle journée. Magnifique journée que voilà. Le ciel est joli à regarder, il ne faisait pas si moche que ça. C'est le temps idéal pour les clients de déguster un parfait au chocolat sur une jolie terrasse du style ancien. Et oui, c'est à la Marmotte Brûlée qu'on pourra se permettre de faire ça. Son vieux style qui diffère des autres restaurants de hautes technologie fait de lui un endroit unique où l'on pourra déguster la meilleure cuisine de la région. Et oui, Steven est fier de son projet. Il ne le cache pas, il s'en vante parfois. L'accueil y sera toujours chaleureux pour tout le monde. Homme, femme, enfant, alien, héro. Tout le monde était accepté. Steven est humain, Steven est fier de l'être et ne le cache pour rien au monde.

Et aujourd'hui, c'est une belle journée. Steven accueillait ses plus fidèles clients avec le sourire. Les nouveaux étaient toujours la bienvenue et ressortaient du restaurant avec le sourire sur leur face. C'est tout ce qui compte pour Steven, que tout soit parfait pour tout le monde. La joie, la bonne humeur dans ce monde un peu fou, ça fait plaisir ! Mais voilà, le monde n'est pas parfait, et un brouhaha se faisait entendre. Alors que le gérant de la Marmotte Brûlée servait un bon jus de carotte à une demoiselle au regard de renard sauvage, Steven partait à la rencontre de ce problème. Un monsieur s'imposait parmi la foule, il avait même dépassé le jeune homme de l'accueil. Il regardait son patron d'un air profondément désolé. Il s'excusa mais Steven partait à sa rencontre en lui tapotant l'épaule, lui demandant de rejoindre son poste. Maintenant, on va s'occuper de ce gaillard. Steven tapait doucement des mains avant de guider son nouveau client vers une table forever alone.

- Bien sûr monsieur. Ici, le client est roi. ♫ Suivez-moi.

Avant ça, monsieur méditait sur la tronche de son nouveau client. Ca lui disait quelque chose. Quoi que maintenant, tout le monde peut devenir célèbre grâce à rien du tout. Alors Steven a pu l'apercevoir dans une pub, un film ou que sais-je encore ! Le blondinet invita l'étranger à s'installer à une table proche de la fenêtre. On pouvait y voir une vue magnifique.

- Seriez-vous nouveau dans cette jolie cité que voilà ? C'est rare qu'on s'impose de cette façon dans ma boutique. Mais rien de grave, chacun son caractère. Tout le monde est unique et tout le monde rentre ici comme il le souhaite. Tenez, le menu mon cher.

Aller Steven, tape un peu la discute et oublie de servir tes autres clients. C'est ce qu'on te reprochera le plus. Entre temps, Steven quittait la table de son client pour aller accueillir d'autres personnes avec leur sourire. Il leur présentait une table et leur servait le menu. Il les salua avant de retrouver son client mystère.

- Mais pourquoi tant de mauvais regards sur vous, mh ? Cela titille mon esprit ainsi que ma curiosité. Enfin, vous êtes bien libre de dire n'importe quoi ! Il faut dire que j'aime parler avec mes clients, n'y voyez pas d'inconvénient. Le plat du jour est une cuillères d'Isa au saumon fumé avec sauce raifort suivi d'un magrets de canard à l'ananas.

L'art de passer du coq à l'âne, merci Steven.

Tu regardes le monsieur qui vient soudainement t’aborder. De par ses accoutrements et sa manière de s’exprimer, tu en conclus rapidement qu’il doit occuper un poste idéal au sein de ce restaurant. Or, tu n’as même pas le temps de le lui demander qu’il fonce droit au but, te demandant la raison pour laquelle tu attires tant l’attention. De nature peu bavarde, tu lui retournes un léger sourire en te disant qu’il n’hésitait pas à foncer. Mais , c’était bien. Tu aimais les gens directs. Il y en avait si peu à l’époque actuelle qu’ils semblaient portés disparus. Ce devait probablement être à cause du fait que des gens finissaient toujours par les faire disparaître. Eh oui, ce type de personne avait constamment le malheur de s’impliquer dans des sujets beaucoup trop sensibles pour être délaissés par la corruption. En résumé, ils mourraient ou quelqu’un leur faisait ravaler la portée de leurs paroles.

-Je vais prendre le plat du jour dans ce cas, en espérant que le diner en vaudra la peine.

Tu lui réponds par pure mesure de politesse, mais pendant ce temps, tes yeux sont occupés à se balader sur ta nouvelle cible. Selon tes premiers pronostics, il semblait être quelqu’un de vrai et être quelqu'un qui ne devrait pas te poser de problèmes. Le champ était donc catégorisé comme étant : O.K. Quant à elle, la conversation risquait de flirter avec le vert, mais probablement  tendre vers le jaune. Eh oui, tu avais un code particulier pour dire s’il était risqué de communiquer avec quelqu’un ou pas. Un de tes camarades de l’autre planète te l’avait montré pour te permettre d’éviter de te faire coincer par un amalgame de questions gênantes.

-En toute honnêteté, je ne sais pas vraiment. Je suppose que…

Déjà, tu comptais trop en dire. Il fallait que tu te calmes et que tu oublies ce que tu savais de plus que cet homme. Sinon, tu risquais de tout révéler et de tout gâcher. Pour ce faire, tu prends le temps d’inspirer profondément avant d’afficher un air beaucoup plus posé que l’expression crispée qui avait pris possession de ton corps précédemment.

-Les gens n’aiment pas les survivants?

Tu lui réponds d’une manière qui risque d’éteindre le feu de sa curiosité. Cependant, tu tiens aussi compte du fait que sa curiosité pourrait s’alimenter et doubler. Malgré tout, tu tiens toi aussi à voir quel genre de personne il est , donc peu importe la décision qu’il décide de prendre, tu comptes t’y retrouver gagnant. Que ce soit en ayant un diner paisible ou en ayant la chance d’inspecter quelqu’un de relativement intéressant, tu allais y trouver ton compte.

-Mais la question est surtout la suivante.

Tu prends la fourchette qui traine à ta droite avant de la lever dans sa direction pour le pointer.

-Vous, qu’avez-vous vu en moi pour désirer en connaître un peu plus sur ma personne?

Tu te retiens de sourire malicieusement. Tu voulais à tout prix que sa réponse soit biaisée.

Monsieur avait commandé, Steven notait ce premier menu dans son petit carnet électronique. Et c'est fait, voilà, oh que oui. Le blondinet aime donner envie à ses clients, les menus du jour sont toujours aussi délicieux. Esthétiquement parlant, on dévorerait le plat des yeux. Rien qu'à cette petite pensée, Steven ne pouvait s'empêcher de sourire. Un sourire fier et heureux.

- C'est noté. Ce repas est une nouveauté de la maison. C'est magique de pouvoir tester de nouvelles choses, ahhh. La gastronomie reste un domaine si particulier et si splendide.

Ola Steven, ne t'emporte pas loin dans tes délires s'il te plait. La commande ayant été envoyée directement par ce carnet électronique au cuisinier, le blondinet pouvait rester avec son nouveau client. Un client plutôt spécial, Steven pouvait le ressentir. Non, il n'a pas de super pouvoir comme certains en ont dans cette ville. Il est juste humain et il fait confiance à son instinct. Mais par contre, son client avait l'air secoué. Il tentait de se détendre mais ... Ca me fonctionnait pas des masses. Et voilà que ce jeune homme lui posait une question forte intéressante. Oh, intéressant comme question, en effet. Steven se permettait de s'intaller face à l'inconnu, croisant ses bras tout en prenant ses aises. Il souriait à son invité comme si de rien n'était, comme si tout ce qu'il faisait était normal. Comment ça, un chef doit rester à son post ? Voyons, on est en 4000, la mode a changé depuis.

- Mh ? Qu'est-ce qui m'attire chez vous ? Peut-être votre visage. Enfin vous avez attirez l'oeil de tous mes clients ici présents. Au final, ça m'a attiré moi aussi. Je suis sûr que vous avez une histoire intéressante derrière votre petite bouille de ténébreux, ai-je tort ?

Trop direct Steven, trop direct. Mais il s'en fout, il n'a rien à perdre. Un de perdu, dix de retrouvé.

- Désirez-vous un apéritif ?