Le ciel était bien couvert aujourd'hui, avec l'orage qui menaçait le linge devrait être étendu dans la chambre. C'était du moins ce que se disait La Mama en chaussant ses lunettes pour inspecter le ciel par la fenêtre. De bas nuages noirs... Du foyer s'éleva les cris de La Mama paniquée, au feu les pompiers ! Elle finit par se cogner contre la porte d'entrée : qu'elle était bête ! C'était juste son petit Jimmy qui jouait devant la maison. Quel jouet allait-il ramener cette fois... ?
Jim suffoquait à moitié sous sa cacahuète volante, noir de fumée. Le voilà bien si un client... Cheese sortit de sa poche et lui tendit l’essuie spécial travail crasseux.
« Appel numéro inconnu.- J'prends. »Qu'est-ce qu'il disait ?! Cette treuillerie était pas foutue de fonctionner correctement quand il avait du boulot en ville ! Ce devait pas être un riche pour faire appel à lui, mais c'était l'occasion de se façonner un nom là-haut et de gagner de quoi se remplir les poches pour s'acheter une nouvelle voiture. Il balança son pied dans le par-chocs et la voiture toussota avant de cracher ses poumons comme à son habitude, un son familier qui en aurait inquiété plus d'un, mais Jim n'était pas un spécialiste de la mécanique automobile.
Voiture ok, matos ok, Cheese, ok, Mama plus ou moins ok. Jim lui dit au revoir et elle lui demanda de graisser la porte à son retour. Elle s'obstinait à croire qu'il rentrait tous les soirs tout comme ses autres enfants, avec le temps Jim avait appris que la contredire ne servait à rien.
Le frein de la voiture avait quelques problèmes alors le roux vola à la vitesse une fusée en slalomant entre les obstacles. Cheese lui indiquait les tournant à prendre, plusieurs fois il manqua de percuter l'angle d'un immeuble, du même immeuble. Il gravitait autour depuis un moment en attendant de trouver une solution pour atterrir. Le moteur coupé, la voiture chuta. Mallette en main, le nettoyeur entra dans l'immeuble qui lui semblait bien trop... propre pour qu'un occupant l'appelle lui plutôt que de prendre un forfait femme de chambre.
XX ÉTAGE N°X – VAUTHIER SASHA
Jim eut un petit sourire. Où était cet ascenseur ? À bout de souffle d'avoir monté les escaliers jusque là-haut, Jim essuya la sueur de son front puis sonna.
« 'Jour. Chouette cabane ! C'est bien toi qui m'a appelé pour nettoyer ton nid ? Jim, le nettoyeur. » Là on allait pas lui faire le reproche d'être familier avec le client, il faisait plus jeune que lui. Ou bien c'était un amateur de ses produits qui tire la peau... Le professionnel déposa la mallette sur une table et en sortit un tas de bordel utile pour récurer. Mais avant : rangement. Ce cher Sasha n'était pas un maniaque, des vêtements, des livres, des objets oubliés traînaient ça et à.
« J'veux bien un café si t'as. » fit-il tout en se retroussant les manches
La partie désagréable de son travail était qu'en inspectant les moindres recoins on finissait forcément par se faire une idée de la personne. Et Jim ne pu s'empêcher de remarquer que les vêtements étaient tous des vêtements d'homme, que les titres des livres comportaient du vocabulaire indigne d'un voyou et surtout que Sasha était seul avec son ordinateur – ordinateur qui n'avait pas assez de valeur pour que Jim pense à le voler. Un jeune cultivé, célibataire et brouillon, supposait-il.
« Pas b'soin de s'encombrer de femme quand on est bien chez soi, n'est-ce pas ? Tous les jours des reproches, et quand tu la supporteras plus tu penseras à ta chère Mama qui te pardonnait tout. Regarde... moi avec mon Cheese c'est que du bonheur ! L'inconvénient c'est quand on dort à la belle étoile c'pas lui qui va me réchauffer haha ! »Mais son pelage blanc le rendait aussi efficace qu'une peluche. Il mit son cyber-compagnon en veille sur la table basse, quand il avait les yeux fermés il effectuait des mises à jour et se rechargeait.