C'était comme ça depuis des jours. Des baisers volés, une respiration saccadée, quelques caresses, une nuit comme une autre et pourtant, tu t'en allais. Comme chaque matin, tu disparaissais dans un soupir. Et pourtant, c'était fantastique. Cette sensation, tu l'aimais tant. C'était brut, sauvage. Il était là sous le drap blanc, tel un dieu, tel un mythe. Il te souriait tellement fort, que tu y aurais presque cru. Tu aimes tout de lui - ses bras imposants qui te serrent, son torse idéal qui bougeait sous les coups violents et les soupirs bestiaux. Mais pourtant, tu préférais t'en aller. Se contenter d'un seul homme, c'était trop égoïste. Peut-être le reverras-tu, dans tes rêves ou une autre nuit qui sait. Tu passes le pas de la porte, en prenant le soin de laisser ton odeur sur les draps et sa chemise albâtre. T'oublier serait malhonnête, après tous ces matins passés à ses côtés. Tu t'habilles en vitesse, déposes quelques palabres dans la cuisine et tu t'en vas, le coeur lourd, les mots pesants.
Au fond de toi, tu n'espères qu'une chose - qu'il te rappelle. Qu'il pense à toi, ne serait-ce qu'une fois. Qu'il n'oublie jamais cette odeur, tes soupirs et tes souffles irréguliers, tes cheveux, tes seins, tes reins. Tu cries, tu souffres intérieurement de ce manque permanent. Tu as besoin de lui, comme tu as besoin des autres sans arrêt. Ne pas y penser reste toujours la meilleure solution - mais c'est trop dur. Et parmi ce flot de pensées, c'est ton ventre qui se manifeste. Ah oui, lui aussi il faut y penser. Ton estomac ne va pas se remplir tout seul, même si au fond tu n'as pas faim de nourriture. Qu'importe - il faut s'alimenter. Tu presses le pas, puis finis par t'arrêter devant l'autel du petit déjeuner idéal ; la boulangerie. Tu fais la queue, prends un croissant et une chocolatine. Après cette courte escapade, tu retournes dans ton appartement flambant neuf. Ça y est, le dernier carton est déballé, et pourtant, tu ne souris pas comme d'habitude. Malgré les meubles imposants et les grandes fenêtres, c'est vide. Il n'y a personne à part toi. Tout est blanc, juste quelques couleurs sur les meubles réchauffent la pièce. Ce soir sera ta première nuit dans ce petit nid douillet.
Tu poses ton sac sur le canapé, puis tu te diriges vers cette salle de bain bien trop grande pour une seule personne. Maintenant, c'est ici que tu dois laisser tes marques, dans cet endroit encore inconnue au bataillon. Tout est différent, tu te demandes souvent ce que tu fais là - et puis te souviens que les études, c'est important. Que c'est ta dernière année, que tu arrives au bout. La lumière au fond du tunnel se rapproche de jour en jour. Peut-être qu'un jour, tu retourneras dans ce paradis réel. Honolulu te manque, ta famille te manque, les cocotiers et le sable chaud également. C'est pas le moment d'y penser. Peut-être qu'un bain moussant te changeras les idées. Tu te déshabilles, fait couler l'eau chaude dans cette baignoire encore intacte et tu plonges dans ce petit moment de bonheur. Oublier la pression, oublier les illusions. Oublier tout ce qu'il y a autour de toi, ce serait-ce que quelques minutes. Un soupire d'apaisement, et tu coules ta tête dans l'eau claire, regardant le plafond sans couleurs. Tes prunelles se ferment délicatement, ton enveloppe charnelle se cambre et tu rêves de cette sensation que tu avais oublié. L'océan, la mer bleue turquoise, les petits poissons et les palmiers. Puis dans un élan de tendresse, tu souris.
Des fois y a des journées comme ça, des journées qui auraient dû n'être qu'un éternel recommencement, qu'une copie d'un quotidien vécu maintes et maintes fois puis il y avait ces instants, ces moments qui échappaient à votre contrôle, ces moments qui échappaient à ton contrôle qu'importe les efforts que tu faisais pour résister à l'adversité, chasser l'imprévu aussi désagréable soit il. Aujourd'hui il fallait dire que tout ceci avait pris une tournure des plus fâcheuses et bien plus dérangeante qu'à l'accoutumé. Tu étais là à courir de toits en toits tandis que les balles sifflaient derrière ton dos, tandis que pour une énième fois l'on tenté de t'ôter la vie. Chose plus ou moins honnête vis à vis de la personne que tu étais, du monstre que tu étais devenu avec le temps, tu n'étais plus vraiment étonné à l'idée que l'on souhaite te supprimer de ce monde après tout c'était si étrange que le simple fait de vouloir survivre pouvait vous attirer autant d'ennemis. Bête à son état le plus sauvage, vagabondant de bâtiments en bâtiments tu n'avais point le droit à l'erreur en cet instant là où tu ne pouvais plus abuser de ton pouvoir de métis de par cette simple chose que l'on nommait fatigue. Tu étais comme pris au piège par ta propre personne.
Rebord se profilant alors que tu n'avais plus que pour simple alternative de sauter n'y plus ni moins, tu avais juste eu le temps d'entrevoir une fenêtre qui se devait de te servir d'échappatoire. C'est ainsi que tu avais fini par briser ce vitrage en ton saut en un fracas non dissimulé, réception relativement difficile alors que tu étais là allongé à même le sol reprenant ton souffle. Tu ne savais pas vraiment où tu t'étais retrouvé en ce moment même là où tu cherchais à reprendre ta respiration, tes mains s'écrasant frénétiquement sur le plancher tu avais finalement fini par te relever alors que tes iris n'avaient tardé à décrire ces lieux non pas familiers mais plutôt communs au quotidien. Tu t'étais retrouvé dans un appartement qui ne semblait pas occupé malgré tout pour ta plus grande chance, quelques cartons et autres rares meubles installés en ce salon, tu avais fini par difficilement te redresser alors que tes divers membres te demandaient pitié, te demandaient un tant soit peu de repos. Rompu, l'hémoglobine nimbant tantôt tes vêtements de par et d'autres, un bout de verre s'étant aisément enfoncé en ton épaule, un autre bien plus imposant s'étant logé en ta cuisse. Tu n'avais d'autres choix que de devoir trouver de quoi panser tes diverses blessures à défaut de pouvoir quitter ce domicile dès maintenant.
Tes pas s’enchaînant en un monotone bal, alors que tu finis par arriver face à une porte tu espérais tout bonnement que les lieux étaient déserts comme tu l'espérais, dénués d'une quelconque vie. Tu finis par ouvrir cette porte te retrouvant en ce qui semblait être une salle de bain. Pupilles balayant une nouvelle fois cette pièce alors que tu t'étais empressé de fouiller en une armoire afin de trouver divers bandages et autres désinfectants, tout ceci était bien trop facile même si une nouvelle fois un imprévu semblait se profiler. Sonorité se hissant entre ces murs, tu pouvais clairement distinguer de l'eau, une masse liquide qui se laissait malmener par un autre corps. Regard se rivant dès lors vers la baignoire, tu arquas un sourcil non pas aurifiés, non pas gêné à l'idée de te retrouver face à une personne mais plutôt agacé... Ta journée s'annonçait d'ores et déjà comme passionnante...
Tu continues de rêvasser, mais un bruit vient rompre tes pensées. Par peur, tu gardes la tête sous l'eau et tu restes là, sans bouger. Au fond, tu ne préfères pas savoir quel est l'intrus qui vient d'entrer dans ton espace intime. Trop tard - la curiosité t'emportes. Sans faire de bruit, tu redresses la tête, en prenant soin de laisser seulement tes prunelles dépasser de la gigantesque baignoire qui trône dans la salle de bain. C'est un homme - ou du moins ce qui s'en rapproche le plus. Tu l'observes, en le détaillant de la tête aux pieds. Peau verdâtre, traces de sang apparentes. Visiblement, il est blessé. Tu veux l'aider, mais vu les circonstances, cela va être dur de sortir de la baignoire. Ça se trouve, il t'a même déjà remarqué depuis un moment. Délicatement, tu prends une serviette, qui par chance se trouve au bon moment au bon endroit. Tu la gardes dans tes mains, au cas où. Tu ne sais pas sa réaction, et encore moins de quoi il est capable. On n'est jamais trop prudent dans ce monde. Mais rester là, sans bouger, ça devenait lassant. Tu décides alors de te tourner, et au diable si tu fais du bruit. L'eau résonne dans la pièce - c'est le moment d'attirer son attention.
Tu te lèves, prend la serviette albâtre et l'enroule autour de toi, en prenant soin de te tourner pour éviter les regards. Tu essores tes cheveux puis laisse couler l'eau dans le fond de la baignoire. Tu sors délicatement, posant le pied droit puis le pied gauche sur le sol claire et froid. Tu t'approches de cet inconnu, hésitante. Au fur et à mesure, tu le détailles du regard. Ses yeux sont noirs, aussi sombre que le néant, il était tellement facile de s'y perdre. Seul ses prunelles contrastait avec cette noirceur. Elles sont vertes, mais un vert presque translucide. C'est cette couleur que tu aimes tant. Son enveloppe vitale est imposante. Plus tu te rapproches, plus tu te sens faible sous cette force écrasante. Il domine, il impose. A travers son regard, il te fait clairement comprendre qu'il ne veut pas que tu viennes vers lui. Il est glacial, froid comme la roche. Mais tu continues d'avancer, curieuse de connaître cet individu différent. C'est ton parfait opposé, et tu aimes ça. Tu regardes derrière lui - les traces de sang se suivent jusqu'au salon. Par précaution et par peur, tu ne préfères pas y aller. Tu te concentres maintenant sur son épaule. Ce sont des bris de verre.
Intérieurement, tu paniques. Tu aimerais crier, là maintenant. Au fond, c'est toi qui a peur. Mais il t'intrigues. Tu aimerais toucher sa peau, juste pour voir ce que ça fait. Tu veux le regarder dans les yeux, essayer de te rendre utile, ne serait-ce qu'une fois. Après tout, il n'est pas ici par hasard. Même sa jambe est blessée par un morceau de vitre. Mais celui-ci a l'air plus profond. Il faut que tu l'aides, t'as pas le choix. Tu ne peux pas le laisser ici, comme ça. Il a besoin de se faire soigner. Il a sûrement perdu beaucoup de sang depuis qu'il est arrivé. Tu continues d'avancer vers lui, cherchant dans l'armoire de quoi le soigner au mieux et prends entre tes bras des bandages, de l'alcool et autres désinfectants. C'était donc ça qu'il cherchait. Tu poses le tout dans le vasque, et contemple les dégâts sur son corps. Il est bien amoché, s'il ne s'est rien cassé dans la chute il a eu de la chance. Après un moment d'hésitation, tu te contrains à prendre la parole, pour couper ce moment de silence interminable.
≪ ... Je peux vous aider à trouver ce que vous cherchez, si vous le souhaitez. ≫ Tu t'arrêtes, prenant une grande respiration. ≪ Mais pour cela, il faudrait que vous sortiez de la salle de bain, le temps que je puisse m'habiller. S'il vous plaît. ≫
Iris rivés auprès de cette forme qui se profilait face à toi, tu te disais que la situation ne pouvait pas réellement être pire là où tu aurais espéré plus que toute autre chose être seul en cette demeure. Tu ne savais que faire dans le sens où tu ne savais comment elle allait réagir, comptait elle simplement crier et clairement faire comprendre que tu avais tout intérêt à quitter les lieux, allait elle paniquer ? Au fond tu ne le désirais point tes capacités à raisonner une personne frôlant sans doute le néant, tu ne pouvais donc qu'attendre et voir sa réaction silencieusement pour l'instant, tu ne pouvais que la décrire comme elle semblait le faire avec toi. Une humaine tout ce qu'il y a de plus normal à vrai dire, elle ne se distinguait point de par le teinte irrégulière qu'aurait pu aborder son derme tout comme toi, ces yeux tout comme sa chevelure n'y faisant exception. Elle avait cependant le mérite d'avoir hérité d'un visage bien trop harmonieux pour être celui d'une anodine femme, ces courbes des plus parfaites. On pouvait clairement dire que mère nature avait su la gâter là où c'était le plus préférable sa poitrine en étant l'idéal témoignage finalement en premier lieu. Pupilles malgré tout bien trop curieuses, tu la voyais se rapprocher éternellement silencieuse.
L'une de tes mains glissant le long de la porte de l'armoire que tu avais ouvert à la recherche d'un quelconque produit médical afin de panser tes blessures. Elle n'avait tardé à te devancer récupérant en ce meuble ce que tu cherchais alors que tu minimisais tes mouvements afin de ne pas plus la déranger qu'actuellement. Après tout tu avais quelque peu débarqué au pire moment pour vous deux, la belle prenant son bain on aurait pu prendre ceci pour un scénario usé et abusé d'un film et complètement improbable en une vie lambda. C'est ainsi qu'elle avait enfin fini par prendre la parole même si tu aurais pu en faire autant avec elle bien plutôt, tu avais plus ou moins ouïe ce que tu souhaitais là où elle semblait garder son calme et ne pas paniquer. Tu la décrivis donc de long instants de tes orbes de jade une nouvelle fois avant de docilement reculer pour finalement lui tourner le dos un soupirant s'extirpant de par la même occasion de tes lèvres. Tu finis par quitter la pièce alors que tu avais plus ou moins acquiescer à sa demande à ta façon. Tu te retrouvais une nouvelle fois en ce salon en lequel se trouvait cette vitre que tu avais plus ou moins malencontreusement brisé, quelques perles de sang trahissant au sol ton périple en le chez soi de la belle.
Tu finis par t'asseoir sur le canapé prenant peut être même soin de ne point l’entacher de ce fluide pourpre qui s'extirpait encore un tant soit peu de ton enveloppe charnelle. Tu finis par ôter ton haut le déposant sur la table basse juste en face de toi là où tu ne voulais plus l'imbibé de ton sang qu'il ne l'était déjà, ceci était plutôt préférable afin de ne pas plus attirer les regards en la rue une fois que tu aurais quitté cet endroit. On ne peut pas dire que tu lui faisais totalement confiance, pas le moindre du monde enfaîte même si elle ne pourrait sûrement rien te faire hormis te soigner. Tu te contentais d'observer tes blessures, le cramoisi contrastant de façon bien trop plaisante avec la teinte rare de ta peau, zébrée de par et d'autres par une nuance plus foncée. Tu étais là à l'attendre alors qu'une chose était sûre... Tu allais être bientôt décrit tel une sculpture.
Dans un soupir, il s'efface et te tourne le dos, se dirigeant docilement vers le salon. Tu restes là, planté devant le vasque, presque choquée. Il n'a rien dit. Il est simplement parti, sans un mot, d'un pas nonchalant. Tu soupires puis fermes la porte, et enlève le seul tissu qui te couvres l'enveloppe charnelle. Tes prunelles se déplacent dans la pièce, puis finissent par se diriger instinctivement sur le sol. Seul la couleur rougeâtre du sang trônait sur le parterre clair. Tu cherches des cotons et du désinfectant, puis nettoie les tâches présentes dans la pièce. La serviette albâtre tombe au sol, sans un bruit. Tu attrapes alors une de tes culottes, puis un soutient-gorge accroché au mur. Tu met alors une robe légère, couleur jade. Tu essores tes cheveux sans les sécher - quelqu'un t'attend dans le salon. Quelques minutes plus tard, tu te diriges vers la porte, peu confiante et sûrement effrayée de voir l'ampleur des dégâts. Tu marches, le plus lentement possible, avant d'arriver au seuil de la porte. Allez Dakota, ouvre-la.
Encore une fois, tes yeux se portent sur le sol, où les tâches de sang sont également présentes. Tu balayes le salon des yeux. L'homme est sur le canapé, torse nu et grièvement blessé. Tu ne fais pas attention à la fenêtre et te diriges vers lui automatiquement, désinfectants et autres papiers en main. Avec délicatesse, tu poses le tout à côté de lui, toujours dans un calme olympien. Tu le fixes une nouvelle fois, afin de constater les différentes blessures présentes sur son corps. Au fond, tu as sûrement plus peur de lui que lui n'a peur de toi. Le soigner reste ta priorité, tu ne peux pas le laisser comme ça. Doucement, tu prend un coton, puis l'imbibe d'alcool. Tu le poses sur le torse de l'inconnu, qui visiblement se fichait des piquements que pouvait procurer le désinfectant. Tu continues ce geste trois fois, en prenant soin de ne pas lui faire de mal. Tu essaie de toucher son épaule, où le morceau de verre reste enfoncée dans la chair. Tu inspires, et brises le silence en le fixant dans les yeux.
≪ Je vais essayer de sortir ce bout de verre de votre épaule, ça risque d'être douloureux... alors, essayez de ne pas vous focaliser sur la douleur, je vais essayer de faire attention... ≫
Sans plus tarder, tu saisis le morceau de verre avec une petite pince, et essaies de l'extraire de la peau de l'homme. C'est la première fois de ta vie que tu soignes quelqu'un, tu n'as donc pas l'habitude de ce genre de blessures. Surtout quand il s'agit de bouts de verre. Tu saisis alors un coton, pour enlever le sang présent dans la plaie, et arrives à sortir le plus gros morceau. C'est déjà ça de fait. Tu soupires de soulagement, en esquissant un sourire. En fin de compte, ce n'est pas si compliqué. Avec minutie et concentration, tu continues de désinfecter la plaie, en extirpant tout les morceaux logés dans la peau. Après quelques minutes, les saignements s'arrêtent. Tu prends alors un bandage et une sorte de gaze, afin de faire un appui sur la blessure et soulager par la même occasion. Pendant ce temps, tu te tournes afin de prendre le tee-shirt sur la table basse. Tu te lèves, l'emmène dans la salle de bain puis le fait tremper dans l'eau froide, pour enlever les tâches. Tu reviens alors dans le salon, avec cette démarche lente mais gracieuse, puis tire le rideau de la fenêtre cassée. Tu t'installes devant lui, accroupie sur le sol, fixant son genou ensanglanté.
Soupir s'extirpant d'entre tes lèvres alors que tu attendais, tu n'espérais qu'une chose pouvoir le plus rapidement quitter ces lieux une fois soigné. Non pas réellement en dangers mais non pas totalement à l'aise en cet endroit que tu avais souillé de ta présence, de ton hémoglobine qui nimbait tantôt le sol chose qu'elle semblait constater alors qu'elle venait de quitter la salle de bain en laquelle tu avais au par avant empiété. C'est ainsi qu'elle avait fini par de nouveau se rapprocher de toi là où il était temps pour elle de s'occuper de sa personne comme vous en aviez plus ou moins... Convenu à vrai dire. Tu ne tardas à sentir le contact du coton marié à celui de l'alcool qui pénétrait ta blessure, le picotement se faisant ressentir ce n'est pas ce qui t'empêchais malgré tout de garder un air des plus impassibles à vrai dire même si tu observais du coin de l’œil son travail voulant peut être t'assurer que celui-ci soit bien exécuté. Tu finis donc par légèrement arquer un sourcil lorsque la belle énonça ce qu'elle comptait faire par la suite ces paroles étant accompagnés d'un certain conseil, ceci avait à tes yeux une impression de déjà vu cependant car peut être avais tu l'habitude de composer en chaque jour avec l'éventualité de voir ton enveloppe charnelle entachée par un quelconque projectile.
Tu n'avais point bronché tandis que tu pouvais malgré tout ressentir le verre se mouvoir en ta plaie avant de s'en extirper. Tu ne pouvais qu'attendre encore et encore alors que tu la vis tantôt quitter cette pièce avec l'un de tes vêtements, plus précisément celui que tu avais délibérément ôté plus tôt. Le rideau finissant quand à lui par tirer sa révérence au retour de la jeune femme en ce salon, ton calvaire allait bientôt toucher à sa fin finalement là où il ne restait que ta jambe meurtri à soulager des divers corps étrangers qui l'avaient lacérés. Tu te disais au fond que tu ne pouvais rester éternellement silencieux et que tu te devais cependant d'un tant soit peu te montrer sociabilisé vis à vis de la jeune femme. À défaut qu'elle connaissait ton visage et que peut être viendrait un jour l'idée de parler en ta défaveur ou tu ne savais quoi, autant être gentil comme le commun des mortels le disait afin de ne pas totalement laisser un souvenir amer en sa mémoire. Il fallait dire que tu n'avais pas spécialement envie de finir en un poste de police pour une histoire d'infraction là où depuis des années tu avais su si subtilement esquiver cette autorité en ton travail peu moral, se faire serrer pour si peu en serait si comique après tout.
Tes lèvres finirent donc par se révoquer alors que tu te permis de déclarer ceci sur un ton non pas des plus froids mais non pas forcément en ce même instant totalement amical.
« - Désolé pour tout enfin surtout pour la fenêtre... »
Il était chose rare de te voir faire des excuses même si peut être tu fichais tu de tout ceci en réalité, la seule que tu voulais été de sympathiser avec elle afin de voir son état d'esprit. Afin d'éventuellement savoir si tout ceci allait te retomber sur le dos un jour. Tu enchaînas donc sur ces nouvelles paroles en un ton toujours identique aux précédentes palabres que tu avais prononcé.
« - Et merci pour les soins, généralement le commun des mortels aurait appelé la police en ce genre de cas. Par contre je crains que je ne pourrais vous remercier que de par les mots pour votre geste... »
C'est avec une précision extrême que tu termines le soin de son épaule blessée, l'enroulant au passage d'un bandage blanchâtre. Tu le fixes, avec une sorte de scotch blanc pour faire tenir le tout. Il ne faudrait surtout pas que ça s'enlève. Tu baisses les yeux, admirant du coin de l'oeil les dégâts de son genou. A un tel endroit, ça va être encore plus délicat à soigner. Tu soupires doucement, peut-être par appréhension. D'un geste lent, tu laisses glisser ta main vers le membre blessé, extirpant les morceaux du mieux que tu le pouvais. Avec soin et précaution, tu essayais tant bien que mal de ne lui faire ressentir qu'une faible douleur, malgré la taille imposante du bris de verre présent dans sa jambe. Tu fronces les sourcils sous l'effet de la concentration, puis te penches un peu plus près de son genou. Fixant de plus près l'état de la chose, tu continues les soins, dans un silence presque pesant. Depuis qu'il est arrivé, tu n'as pas entendu une seule fois le son de sa voix. Peut-être est-il muet, qui sait. Le bris de verre retiré, tu te reposes à présent vers les plaies, béantes et ensanglantées. Tu saisis l'alcool, puis appliques le tout sur la blessure, grimaçant faiblement. Il devait avoir mal, s'en était certain. Avec une blessure aussi imposante, malgré tout les saignements qu'il avait pu faire couler, il ne dit mot.
« Ne vous en faites pas pour la fenêtre, c'est pas si important que ça. Mon but est de vous soigner, pas de vous faire réparer vos dégâts involontaires...»
Tu relevas la tête, impressionnée par son self-control exceptionnel. Tu lui sourit, avec une tendresse presque trop douce et trop innocente. Il te fait de la peine, dans cet état. Il est encore faible, il sera difficile pour lui de bouger. Après ce court moment, tu termines le travail, achevant ainsi la lourde tâche par un autre bandage, celui-ci plus foncé à cause des saignements. Au fond de toi-même, tu te demandes pourquoi tu fais tout ça. Après tout, il vient de casser ta fenêtre, de débouler dans ta salle de bain en plein moment intime. Tu aurais pu lui en vouloir, mais non. Tu es trop gentille, trop placide. Tu te lèves une nouvelle fois, en prenant appui sur le canapé clair, puis te diriges vers la chambre. Son tee-shirt étant souillé par le sang, il lui en faut un autre. Tu pioches dans les affaires de Tyler, encore présente dans un coin de l'armoire. Ça te fait mal, de donner à un parfait inconnu un tee-shirt de feu ton bien aimé. Mais il est dans le besoin. Glissant ta main sur les vêtements, tu trouves un tee-shirt, simple, en coton mélangé - de toute façon tu ne l'aimais pas celui-là. Tu reviens dans le salon, où l'inconnu attend sagement que tu reviennes. Tu t'installes à nouveau devant lui, passant un coton sur mes micro plaies de sa peau verdâtre.
« Je ne suis pas du genre à appeler la police, je suis quelqu'un de pacifiste, et je n'ai pas besoin de remerciements non plus vous savez, j'ai simplement aidé mon prochain. Peut-être auriez vous fait de même, si ça avait été moi... »
Oh non, Dakota. Tu espères trop là. Il n'aurait sûrement pas fait de même pour toi, t'es qu'une humaine et tout le monde sait ici que les humains sont inutiles à la société. Trop d'espoir est mauvais, voire dangereux dans certains cas. Tu restes là, accroupie devant l'homme imposant qui se tenait devant toi. Ses bras, ils faisaient facilement le double des tiens. Tu frémis. Tu continues une énième fois de le détailler, du coin de l'oeil, en levant la tête par précaution. Puis, tu te compares. Vous étiez le parfait opposé, toi étant trop frêle comparé à cet inconnu beaucoup trop fort physiquement parlant. Tu regardes sa main, puis lui tend le tee-shirt pâle, les yeux brillants, trop expressifs. Ses yeux, si sombres, t'obsèdes. C'est trop facile de s'y perdre.
