C'est brut c'est dur bestial c'est désorganisé à l'instinct c'est les tripes qui s'expriment qui lâchent enfin toute la passion qu'elles gardaient qui menaçait d'exploser et ah, elle explose entre vos lèvres. Tu ne penses même pas à la victoire non, t'as juste cette impression de tomber d'un pont et tu t'accroches là, encore, toujours, sur ton point d'ancrage sur ses choses douces et chaudes qui écorchent ta peau sensible. Enfin. C'est ce que tu cries à travers ces échanges, ces morsures qui s'arrangent en baisers violents en cette rage toujours présente qui se déverse. Enfin.
Et à la fin, vous étiez aussi impatients l'un que l'autre.
Il s'arrête et tu te rues un peu en avant quand il recule. Non. Pas maintenant. S'il te plaît. Pas maintenant. Il a encore la peau qui frisonne, l'épiderme hérissé, les pupilles dilatées et la respiration qui souffre; tu n'imagines même pas son cœur qui doit battre battre battre -oh, ça te rendrait fou.
Satisfait ? Non. Bien sûr que non. Tu ne sais même pas si un jour, la réponse sera oui, mais tu n'y penses pas non, parce que là tu meurs de faim devant cette étendue de peau libre qui fait comme t'appeler t'hypnotiser. Peut-être qu'il pense avoir perdu, mais toi, Yzir, tu t'es perdu là-dedans, dans ce foutoir qu'aucun de vous ne connaît, ni ne sait comment en sortir. « Pas encore. » Et tu ne te contrôles plus.
Et tu glisses tes mains sur ses fesses que tu soulèves facilement, de manière à être définitivement à sa hauteur. Tu l'embrasses à ton tour et oh, c'est toujours aussi sauvage, aussi étrange et aussi libérateur; tu le lâches enfin sur cette satanée table, caressant la peau sur ses côtes du bout des doigts. Et puis tu romps le contact, tu pars à l'assaut d'autres régions inexplorées, tu glisses encore sur ce cou déjà marqué, déjà conquis, et enfin enfin tu atteins ce buste auquel tu t'attaques sans tarder, affamé, tentation trop grande. Peut-être que vous aviez perdu tous les deux -ou bien gagné, qui sait. Mais c'était une autre guerre qui commençait; et ta tête n'était plus qu'un simple objet rempli de sang. Les pensées étaient parties loin loin loin.

Étau étau étau de ses mains autour de ton crâne qui écrasent tes volontés tes idées et même tes egos trop nombreux; tambour tambour tambour que ce buste trop petit pour ces battements trop nombreux pour cet air qu'il aspire trop rapidement en trop grand quantité; libération libération que ses doigts qui se défont mais insatisfaction de ne plus sentir ce contact ah; irrégularité de tes assauts des tes grognements de tes regards.
Arrête. C'est tout ce qu'on entend dans cette pièce vide qui résonne, c'est tout ce qu'on entend dans cette boîte crânienne qui déconne, c'est tout ce qu'on entend dans ton monde entier en ce moment. Non. Non, pas maintenant, Matt, pas maintenant. S'il te plaît.
Tu devrais pas faire ça. Mais tu continues tu continues parce que cette envie au fond du ventre ne fait grandir parce que les chevaux sont lâchés et que tu n'as franchement pas l'intention de les retenir mais. Mais.
Mais tu redresses la tête, juste devant la sienne, penché en avant. Tu détailles encore ses traits ses cils et son nez retroussé, ton souffle balayant sa peau et oh, tu ne sais quoi encore. Pause. Tes lèvres sont entrouvertes, gourmandes gourmandes mais apeurées. « Pourquoi ? » C'est un peu vide dans tes pupilles, un peu mort dans ton cerveau; tu rapproches encore son corps en appuyant sur ses hanches allez dis-moi Matt. Pourquoi, alors que c'était si bien parti. Pourquoi pourquoi. Arrêtes comme un écho. Non, Matt, non, pas maintenant, s'il te plaît. S'il te plaît. Aime-moi.

Et pourtant il est si proche il est juste là devant toi, ça serait si simple de le capturer de l'arracher à ses convictions, d'arracher aussi ce jean qui est là en trop et puis de continuer. Simplement. Mais tu ne veux pas ça, non, Howl. C'est pas ce que tu recherches. Tu veux qu'il te demande, qu'il fonde sous ton souffle et qu'il ai besoin de toi. Mais ses traits sont durs et tu sens ton cœur se serrer. T'as tout raté, Yzir, mais tu t'accroches encore à ses empreintes qu'il laisse sur toi et tu pousses contre sa main pour qu'il s'affirme plus plus plus, parce que tu ne comprends pas, tu ne comprends plus. Pourquoi faire un retour en arrière ? Et pourquoi tu laisses faire tous ces contacts, Matt, si tu veux que tout s'arrête ?
Il y a ces yeux fermés et la voix qui murmure, il y a des idées qui fusent mais qui n'ont pas d'écho pas de reflet pas de fond, non; il y a ces excuses débiles encore qui ne t'atteignent même pas et encore cette phrase qui revient toujours comme un obstacle entre vous deux. Tu sais pas qui je suis. Mais tu t'en fous tu t'en fous ça sera pour plus tard plus tard, demain ou la semaine prochaine si tu veux, mais pas maintenant, Matt, pas maintenant. « Et alors ? » T'es déçu, t'as la mâchoire serrée et le moral bas mais tu perds pas espoir, non. Jamais. Parce que t'es le meilleur, après tout, non, Howl ? Allez. T'es le meilleur. Tu vas pas te laisser marcher dessus par un gamin. T'as toujours ce que tu veux, toujours. Parce que tout le monde t'aime, t'adule, t'adore. « Qu'est-ce que j'en ai a foutre de qui t'es putain. Tu peux pas juste te taire et te laisser faire ? » T'as les dents serrées et la haine au bout de ta langue. T'es pas un mec méchant, Howl, non, mais t'es sensible, au fond. C'est à ton tour de taper sur la table de toutes tes forces et de te diriger vers le fond de la pièce. Tu sais même pas si le pauvre bout de bois, plastique ou quoi que ce fut ai survécu, mais tu t'en fous. T'es énervé. Même si tu voulais pas dire ce que tu as laissé s'échapper, tu ne sais pas si tu regrettes ou non. C'est étrange. T'as toujours été sûr de toi, avant.

Tu sais pas où t'allais tu sais pas ce que tu faisais; t'avais ces mains devant toi comme si elles étaient en trop, comme si tes huit doigts étaient l'inutilité même devant cette incompréhension de la rage soudaine de toutes ces conneries. Tu sais pas ce qui s'est passé. C'est comme si tu avais douté. Douté de toi. Bullshit.
Tu réagis vraiment comme un gamin. « C'est moi le gamin ? Je trouve que j'ai déjà été assez patient. » Putain putain mais ta gueule. Ta gueule.
Tu ne sais pas vraiment à qui tu dis ça, si c'est à lui à toi ou ces voix dans ta tête qui crient des choses que tu ne comprends pas mais ça te fait chier. C'est tout ce que tu sais, et c'est déjà suffisant.
Il parle encore, dans ton dos, alors tu te retournes pour regarder cette face qui était encore si proche, il y a quelques secondes. T'en a rien à foutre, de ce qu'il dit. T'es qu'un pauvre mec sans histoire qui veut s'en créer, t'as pas besoin de masque pour ça; t'as même pas besoin d'avoir un cerveau.
Et puis boum. Feu d'artifice. C'est rouge c'est grand c'est beau même, destructeur et flamboyant. C'était une vraie. Mais ce n'est pas de la peur qu'il y a au fond de ton ventre, non. C'est plus un espèce de mindfuck total de celui qui ne comprend plus rien. Ça va trop vite pour toi, Yzir, t'étais déjà pas bien avant mais là. Là. T'es complètement largué.
Et tu as ce vide dans les yeux et cet air de gamin abandonné. Trahi, peut-être. Tu ne sais pas. Mais ce qui résonne, maintenant, c'est ça : il ne t'aime pas.
Que tu t'en ailles. Tu le regardes, mais c'est flou et tu ne sais même pas si c'est vraiment lui que tu regardes. T'as chaud, mais il n'y a pas une goutte de sueur sur toi. Tu ne comprend pas. Mais tu ne veux pas partir. T'es con, Yzir. Et puis tu parles. C'est bref, c'est court, c'est monotone mais pas très honnête. Ça sonne faux, et pourtant c'est vrai.
« File moi un truc à porter et je me barre. » Dernier fil prêt à se casser.

C'est fini. Il est parti tu ne sais où, mais tu ne doutes pas un seul instant de ce qu'il est allé faire. Bien sûr qu'il devait avoir un ou autre habit trop grand, et bien sûr qu'il te le laisserait avec joie si c'était pour te voir partir. Il te l'avait dit, non ? Il te déteste, Yzir. Arrêtes de te mentir, maintenant. Après tout, qu'il ne t'aime pas ne voulait pas dire qu'il ne t'haïssait pas parce que tu étais parfait. Ah, c'était une phrase compliquée pour ton cerveau ramolli, mais le principal, c'est que tu te soit compris. Ouais, on dira ça.
Il revient. Vers toi. Et, dans ses mains, il y a un espèce de pull immonde que jamais tu n'aurais porté en d'autres situations. Ahlala, qu'est-ce qu'on te faisait faire, mh. Tu allais tendre la main pour l’attraper, qu'il n'ai pas à se rapprocher, mais apparemment ce n'était pas au programme. Il vient il vient toujours un peu plus proche, t'accroche avec cette chose que tu ne saura décrire et t'attires, oh, t'attires vers le bas, comme pour te couler encore une fois dans ce bordel sans nom.
Et puis il t'embrasse.
Doucement, pour une fois; et tu restes là, comme ça, parce que tu ne sais pas quoi faire d'autre, parce que tu ne sais pas ce que ça veut dire, parce que t'es nul pour ce qui est des relations et parce que ceux qui te ramènent chez eux ne tentent généralement pas de te tuer et te laisses faire avec plaisir. Mais pas lui, pas lui.
Toi t'es unique, t'es différent. Tu relèves les yeux quand il te dit ça, sans remarque sarcastique sur le bout de la langue. T'aurais pu lui dire qu'on te le répétais depuis tout petit, t'aurais pu lui répondre que tu le savais déjà, t'aurais pu même le provoquer en disant que c'était un peu tard de se rendre compte maintenant de ce qu'il avait raté mais. Non. T'as cette incompréhension dans la peau, cette naïveté qui ressort par toutes tes pores.
Tu peux pas partir comme ça. Alors tu t'avances à ton tour, et tu renverses doucement sa tête déjà fixée sur toi avec tes huit doigts; oh, et puis, bien sûr, tu l'embrasses aussi, doucement, du bout des lèvres, sans effusion mais il n'y en avait pas le besoin, non. Tu romps le contact pour reprendre ton souffle. Tu n'avais pas parlé -pourquoi, de toutes manières- mais maintenant, ça te brûlait la langue. « Toi aussi, tu sais. » Et ça te fait sourire, parce qu'effectivement, c'est pas tout les jours qu'on croise un psychopathe, qu'on s'invite chez lui et qu'on se fasse presque tuer tout en continuant à le comparer à un chaton. Ah, Yzir.

Spoiler:

Est-ce que je dois le prendre comme un compliment ? Bien sûr que c'est un compliment, idiot. Pourtant tu ne réponds pas, non, tu laisses le souci planer un peu dans son esprit et puis, oh, de toutes manières, si ce n'était pas un compliment, tu ne serais pas là devant lui, tu ne serais pas resté, tu n'aurais pas pris la peine de dire au revoir de te pencher encore sur son cas de te dissoudre un peu plus ici. Mais son rire te fait rire, et puis vous êtes comme deux idiots au milieu de la pièce.
Tu le vois qui fuis un peu et tu te demandes ce qui ne va pas -un encore presque déjà dans tes pensées, mais ce qui vient, tu ne t'y attendais pas.
C'était une invitation. Aussi simple que ça. C'était fragile, c'était caché masqué derrière tu ne sais quoi, mais ah. Il fallait l'avouer. C'était mignon. Et totalement improbable, bien évidemment, mais tu ne savais pas quoi dire. Tu ne savais pas s'il fallait rester ou non; tu ne savais pas si tu avais le droit de faire demi-tour après lui avoir parlé de la sorte, tu ne sais pas si tu avais même le droit de demander tant de proximité. Arg, tu n'étais pas habitué à toutes ces choses, non; le ressenti tu ne l'avais jamais, parce que ça t'étais tellement égal, de ce que les gens pensaient. Tu savais tout, toujours, mais pas là, non. Alors vas-y, Yzir, fais confiance à ton instinct.
« Ah, je crois que ma peau délicate ne pourra pas supporter le canapé, désolé. » Tu souris en caressant sa mâchoire de ton pouce, toujours aussi immobile hors de ce simple mouvement. Tu aimerais bien de nouveau l'embrasser, mais t'as peur -t'as peur d'en faire trop, t'as peur de l'emmerder, t'as peur d'essuyer un refus. Alors tu restes planté là, attendant un tu-ne-sais-quoi qui ferait évoluer la situation, même si tu ne veux même pas qu'elle change. C'était étrange. Mais une chose était sûre, tu n'allais pas te contenter du canapé; ça non.

Matt n'est pas content par ta réponse, mais ça, ce n'était pas non plus une surprise. Avec ses joues gonflées, il te faisait penser à un hamster -restait à savoir ce que ça foutait là, cette histoire de hamster. Il te pousse sur le canapé, et tu te laisses faire avec plaisir -pour une fois que tu ne devais pas le chercher pour qu'il réagisse, tu n'allais pas non plus le bloquer. De toutes manières, tu crois qu'il ne t'aurais pas laissé faire. Il prend aussi cet air supérieur, avec ce stéréotype des poings sur les hanches, mais tout ce qu'il arrive à provoquer chez toi, c'est encore ce satané retournement de lippes plein d'amusement. Ton sourire s'agrandit encore quand il te parle sur un soit disant mauvais ton, parce qu'à vrai dire, tu ne le crois pas une seconde.
Et puis, encore une fois, il fait une approche, et tu te laisses encore faire, abandonné à ce qu'il voulait bien faire de toi. Il était loin et proche, les mains sur tes épaules bleues et ton esprit bien ailleurs.
« Je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement. » T'as toujours cette même expression sur le visage, celle détendue, heureuse peut-être, d'un mec qui est certain de ne pas se faire avoir -on pourrait dire hautain, sans la négativité liée à ce mot.
Encore tu te laisses faire comme un pantin au bout de ses fils, ces précieux fils, comme s'il, par magie, les avaient tous en sa possession. Tu serres aussi sa main dans la tienne, fort. C'était bizarre, les mains d'humains, finalement. T'en avais jamais serré comme ça, pas dans un instant où tu avais toute ta tête, et maintenant, tu voyais ces trop petits doigts à ton goût, et le cinquième qu'il te manquait te semblait bien inutile sur cette main trop large et pas assez grande. Mais ça avait son charme. Tu rapproches ce noeud de chair à ta bouche, pour doucement embrasser chacune de ses phalanges, du bout des lèvres, sans le lâcher du regard.
« Ou alors, dis-tu en murmurant, on peut aller chez moi. Prendre quelque chose à manger sur la route. Sushis, pizza, ce que tu veux. Et en plus, ça m'évitera de me promener demain avec cette chose horrible. » Ca sonnait mieux dans ta tête, quelques secondes avant, là ça te semble trop instable trop vacillant. Qu'importe. C'est lancé, maintenant.